La ciguë, ou grande ciguë ou ciguë tachée ou ciguë de Socrate, Conium maculatum, de la famille des Apiaceae est une grande herbe annuelle glabre pouvant atteindre 2m et ressemblant à la carotte sauvage. On peut cependant facilement différencier les deux plantes en écrasant quelques feuilles : si elles dégagent une odeur déplaisante, il s’agit de la ciguë. De plus, la base de ses tiges creuses est mouchetée de nombreuses taches rougeâtres. Ses feuilles pennées sont divisées en deux à cinq folioles finement découpées. Ses fleurs blanches sont regroupées en grandes ombelles de 7 à 20cm de rayon et ses fruits globuleux ont des cotés sont légèrement ondulés.
La grande ciguë se rencontre ça et là dans les décombres, au bord des chemins, au voisinage des habitations, dans les marais, les fossés, les bords de cours d’eau et dans les tourbières.
On la trouve dans toute l’Europe du Nord, en certains points d’Afrique et en Amérique du Nord.
Usages
Fruits et feuilles renferment en abondance des alcaloïdes.
Les propriétés analgésiques de la ciguë ont été utilisées en thérapeutique sous forme d’emplâtre contre les névralgies. Elle a parfois aussi été utilisée pour ses propriétés antispasmodiques et anaphrodisiaques.
La plante est très toxique pour l’homme : il suffit de 6 à 8 grammes de feuilles pour provoquer un accident mortel. L’empoisonnement se traduit par des vertiges, une soif intense, la sensation de froid et une paralysie qui finit par entraîner la mort par arrêt respiratoire.
Son utilisation a été abandonnée en raison de l’inconstance de son action.
Cependant l’homéopathie l’emploie encore en teinture, dans les cas d’artériosclérose et de prostatite.
Folklore
La grande ciguë est connue depuis la plus haute Antiquité : chez les Grecs elle était le poison avec lequel on exécutait les condamnés politiques (c’est ainsi qu’est mort Socrate en 399 av. J.C.et nous avons le récit de son agonie par ses disciples).
Utilisée par les Hippocratiques, Théophraste et Dioscoride l’ont évoquée, ainsi que Pline l’Ancien qui affirmait qu’elle aidait à maintenir la fermeté des seins.
Elle a continué d’être employée au moyen âge, notamment par sainte Hildegarde qui mettait en garde contre sa toxicité.
La ciguë était alors associée aux sorcières : c’était l’un des ingrédients de l’onguent dont elles s’enduisaient le corps avant de s’envoler pour le sabbat.
Une légende raconte comment elle était l’œuvre du Diable : celui-ci, voulant surpasser Dieu qui venait de créer le persil, fit la ciguë. Mais elle était si piètre, à côté du persil si vert et touffu, que le Diable, irrité, cracha dessus. Ce crachat la rendit à jamais venimeuse et la couvrit de tâches pourpres. (Cette histoire apprenait ainsi aux gens à distinguer la ciguë du persil qui lui ressemble quelque peu)
Dans le langage des fleurs, elle symbolise la bravoure.
Reconnaître la ciguë
Ombellifères mortelle, les promeneurs se méfient d’elle sans bien la connaître.
Cerfeuil des fous, carotte sauvage, oenanthe lui ressemblent mais la ciguë, parfaitement lisse, est couverte de taches pourpres à la base de sa tige et de ses feuilles. Elle a une désagréable odeur de souris.
Mais on la reconnait plus précisément à la structure de ses fleurs.