Messe du Couronnement de Mozart

orgue de Poitiers
orgue de Poitiers

L’Église de Maria Plain, petit village voisin de Salzburg, possède une vierge miraculeuse dont la couronne fut consacrée à Rome en 1751. C’est à l’occasion de la commémoration de cette fête religieuse que Mozart écrit cette messe dite du Couronnement KV 317 en ut majeur, pour quatre voix avec accompagnement de deux violons, cors, trompettes, timbales, violoncelles, contrebasses, bassons et orgue.Mozart compose cette messe en mars 1779. Son séjour à Mannheim et son second voyage à Paris renouvellent son style religieux sans toutefois bouleverser la composition orchestrale. Le style plus libre instaure une manière que l’on retrouvera dans les oeuvres religieuses ultérieures.

Sans aucun prélude instrumental, le Kyrie débute par un triple appel des voix auquel répond l’accompagnement solennel des violons. Le soprano expose un second thème mélodique, soutenu par un accompagnement léger des archets auquel répondent les imitations des hautbois.

Dans le thème initial repris en mineur, les voix se pressent, plus pathétiques, jusqu’au deux dernières mesures où les violons et les hautbois, comme un écho du Kyrie, donnent une conclusion pleine de poésie.

Le Gloria, noté par Mozart Allegro con spirito, se présente comme un véritable mouvement de symphonie, avec des effets dramatiques. C’est un chef d’oeuvre de prosodie où les paroles sont soulignées par les instruments comme dans un lied.

Le Credo est remarquable par la puissance de son accompagnement orchestral où le roulement continu des violons est scandé par les appels des cors et des trompettistes et par les dessins des hautbois. Les voix n’attaquent qu’après quatre mesures d’introduction. Elles sont subitement stoppées par l’interrogation d’un accord de 7e introduisant un adagio en fa mineur où les dessins des violons en sourdine apportent un épisode d’une subite profondeur exprimant la naissance du Christ et la ferveur de Mozart devant l’Incarnation.

Pas de solo, les voix se fondent avec les instruments dans un ensemble où l’emploi, à l’époque fort audacieux, d’accords de neuvième anticipe les innovations harmoniques de l’ouverture d’Idoménée.

Le Sanctus conserve le même caractère grandiose. C’est un choeur solennel soutenu par l’unisson des violons et des basses jusqu’à l’Hosanna, plus aéré, où les voix étalent l’In excelsis sur d’admirables modulations. Par contraste le thème léger du Benedictus exposé par les premiers violons et accompagné par les seconds, a l’allure d’un rondo instrumental. Il est interrompu, à deux reprises par les retours de l’Hosanna.

Le solo de l’Agnus dei, accompagné en sourdine aux archets  est écrit dans un ton différent de celui de la Messe et évoque, dans ses premières mesures, le thème d’un air des Noces de Figaro. C’est une cantilène accompagnée de pizzicati qui aboutit au Dona nobis pacem où réapparait le thème mélodique du Kyrie.

Enfin l’allegro con spirito qui termine cette Messe est une extension géniale de ce même thème qui confère une singulière poésie à la conclusion et une unité d’inspiration à l’oeuvre tout entière.

La Messe du Couronnement est le message religieux de Mozart le plus lumineux.

 

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