L’eupatoire chanvrine, Eupatoria cannabinum, de la famille des Asteraceae, est une grande plante herbacée qui pousse dans les endroits humides, les fossés, les bords de ruisseau dans les endroits ensoleillés. On la trouve jusqu’à1700 m dans toute la France, sauf dans la Creuse ou les Ardennes où elle est assez rare. Elle est très commune à travers l’Europe, la Sibérie, l’Asie occidentale et centrale, l’Afrique du Nord.
C’est une vivace à tige souterraine. Sa tige dressée, souvent rougeâtre, un peu anguleuse, s’élève jusqu’à 1,5 m. Ses feuilles sont opposées, divisées en 3 à 5 folioles aiguës et dentées, portées chacune par de petits pétioles secondaires. Les feuilles supérieures sont assez souvent simples. Toutes sont couvertes de poils mous (ainsi que les tiges) et ponctuées en dessous de glandes transparentes. Les fleurs sont réunies en petits capitules de 5 à 6 mm sur 3 mm, longuement pédonculés : elles sont rosées, rougeâtres, parfois blanches, toutes en long tube, régulières. Le fruit est un akène noir.
Usages
On emploie la racine et les feuilles, la récolte des feuilles se faisant un peu avant la floraison et celle des racines au printemps.
La racine fraîche ou récemment séchée est plus active.
La plante, racine comprise, est considérée comme apéritive, tonique, diurétique, sudorifique et à plus forte dose, cholagogue, purgative, émétique, vermifuge et légèrement fébrifuge.
Elle a été employée dans les cas de scorbut, d’hydropisie, de toux, de catarrhes chroniques, de jaunisse, de fièvres intermittentes, d’hystérie, de maladies de peau rebelles, d’éruption, de gale, de maladies du foie et de la rate, d’aménorrhée.
Elle accroît la résistance de l’organisme dans les maladies infectieuses : bronchites, grippes, fièvres périodiques.
En usage externe, les feuilles fraîches ou la plante fraîche ont été employées comme détersives, résolutives et vulnéraires. On les utilise en cas de plaies, de contusions, de tumeurs du fondement. L’eupatoire aurait été employée contre les piqûres et morsures et il est à noter que des plantes voisines de l’eupatoire, du nom de « guacos », sont utilisées en Amérique du Sud contre les piqûres de scorpions et les morsures de serpents venimeux.
La racine, cholagogue et laxative, est très utile en cas de constipation due à l’insuffisance biliaire, d’ictère catarrhal, de congestion passive du foie, d’inflammations simples de la vésicule biliaire ou liées à des calculs. Elle fait baisser le taux de cholestérol sanguin, l’hypertension et diminue la cellulite.
Elle a une action sur les maladies de peau dues à une déficience des sécrétions biliaires comme la couperose.
Composition chimique et usages actuelsLa partie aérienne renferme :
– des glucides notamment des oses (inositol) et des osides (gomme et inuline)
– des composés phénoliques constitués :
. de phénols (esters du nérol)
. d’acides phénoliques
. de flavonoïdes
. de tanins
– des terpénoïdes représentés par :
. des sesquiterpènes (lactone sesquiterpénique de type germacranolide : eupatoriopicrine et eupatoline)
. des diterpènes
. des triterpènes dont des saponines et des stéroïdes (taraxastérol)
– des alcaloïdes pyrrolizidiniques tels que l’échinatine, la lycopsamine, l’intermédine et la rindérine
– des traces d’huile essentielle
– des polyines
L’eupatoire est anti-asthénique et immunostimulante car elle améliore la résistance de l’organisme lorsque celui-ci est soumis à des affections virales.
On lui reconnaît aussi des vertus antitussives, apéritives, stomachiques et cholérétiques.
On lui attribue des propriétés cicatrisantes, emménagogues et sudorifiques mais également des activités dépuratives, diurétiques et laxatives.
L’eupatoire est encore considérée comme hépatoprotectrice.
Utilisations pharmaceutiques
L’eupatoire trouve sa principale utilisation dans les troubles hépatiques.
Utilisations cosmétiques
Les extraits d’eupatoire sont employés pour leurs propriétés adoucissantes et régénérantes.
L’huile essentielle est adoucissante et purifiante.
L’ensemble de ces propriétés en fait un actif recommandé dans :
– des produits capillaires pour cheveux abîmés et fragiles
– des produits pour les mains
– des produits de soin du visage pour les peaux sensibles et matures
Folklore
Eupatoire vient du grec « eupatorion », de noble naissance ( « eu », bon, « pater », père), surnom de Mithridate le Grand auquel est attribué la découverte des propriétés médicinales de la plante.
L’eupatoire est aussi une plante magique : portée sur soi, elle entraînera le succès amoureux, la séduction. Utilisé comme un charme, son suc peut rendre une personne amoureuse.
Si une femme en porte sous sa jupe lors d’un bal, tous les hommes voudront danser avec elle mais si par malheur elle la faisait tomber, il lui faudrait boire un verre d’huile de ricin pour ne pas être violée par le diable…
Passée inaperçue chez les Anciens et au moyen âge, l’eupatoire est attestée chez les marchands de drogues du XVIe s. et elle est confondue, sous le nom d’eupatorium, avec l’aigremoine.
A la même époque, on l’utilise pour le bétail, « encore que les cerfs blessés s’en servent pour guérir leur plaies ».
Enfin reconnue officinale au XVIIIe s., cette jolie plante est, aujourd’hui, retombée dans l’oubli.
C’est l’Herbe de Sainte Cunégonde : elle est vouée à cette impératrice d’Allemagne, morte en 1024, sainte et thérapeute : de nombreuses guérisons eurent lieu sur sa tombe.
Recettes
Infusion
Ingrédients
30g de feuilles d’eupatoire
1 litre d’eau
infusées 3 minutes
à prendre après une grippe pour augmenter les défenses de l’organisme.
Décoction
Ingrédients
30g de racines coupées d’eupatoire
1 litre d’eau
bouillies 2 minutes
Contre la constipation due à une insuffisance biliaire ou/et la couperose.
Apéritif d’eupatoire
Ingrédients
40g de racines coupées d’eupatoire
1 litre de vin blanc ou de bière selon.
Laisser macérer pendant une nuit
C’est un très bon apéritif.