
Taches de soleil sur la terrasse, Maurice Denis – Musée d’Orsay
Contraste simultané
Dans Tache de soleil sur la terrasse, Maurice Denis joue sur le contraste coloré des couleurs. Il juxtapose les complémentaires. Les couleurs paraissent ainsi plus vives et plus pures. Par un autre effet du contraste simultané, la nappe orangée du sol agit sur la plage de couleur rouge et rehausse son éclat bien qu’elle soit d’une teinte plus claire.
Le contraste simultané est l’influence réciproque qui s’exerce sur différentes couleurs juxtaposées. Les couleurs contiguës interagissent les unes sur les autres.
Le célèbre chimiste M. E. Chevreul a fait sur ce qu’il a appelé le contraste simultané de nombreuses expériences : « Lorsqu’il est dit que telle couleur placée à côté de telle autre en reçoit une telle modification, cette manière de parler s’applique à la modification qui se passe en nous lorsque nous percevons la sensation simultanée de ces deux couleurs. » (1835).
Testez votre perception.

contraste simultané
Les deux carrés gris sont identiques, mais à gauche, le fond bleu modifie la perception de la couleur par l’effet du contraste simultané.
Copiez l’image dans photoshop et essayez de reproduire à l’aide du sélecteur de couleur le gris perçu sur le fond bleu (pour cela vous sélectionnez uniquement le carré gris de droite pour le modifier). Vous verrez que l’illusion du contraste simultané est trompeur.
Le gris placé au centre du carré bleu semble teinté d’orangé (complémentaire du bleu); la perception joue des tours.
Testez votre perception
Il n’y a pas que la perception des couleurs qui nous joue des tours, celles de la température aussi.
Vos sensations et vos réactions dépendent de la situation dans laquelle vous vous trouvez mais aussi de vos intentions par rapport à cette situation.
Essayez, pendant cette semaine de tester votre perception en vous plaçant dans des situations analogues avec des intentions différentes.
La causalité entre état psychique et sensation révèlent la complexité du traitement des informations par le cerveau.
Un exemple : vous vous promenez sur la côte de Bretagne nord au mois de mai, l’eau est entre 14 et 15 degrés (à peine). Vous voyez sur la plage trois jeunes emmitouflés et un jeune homme en short, dans l’eau jusqu’aux genoux, les autres lui criant “si t’y vas pas, on dira à tous tes potes de Sciences Po que t’es pas cap de te mouiller! Mauvais pour un futur politique.”
A ce moment là, vous qui êtes emmitouflé(e) aussi, vous descendez sur la plage, retirez tout (sauf le slip) et vous plongez dans l’eau. Vous la trouvez divinement bonne, surtout lorsque le jeune homme ne peut pas faire autrement que de vous imiter!
Le lendemain, seul(e) sur la plage, vous vous dites que décidément l’eau était bonne et vous allez vous baigner. Vous la trouvez atrocement froide agressive et désagréable.
La situation a modifié votre perception du froid.
Le vent aussi, c’est bien connu peut modifier la température ressentie.
Méditez sur la différence de sensation que vous a procuré la même eau à la même température selon que vous avez un public pour vous admirer ou non.
Et ceci n’est pas seulement valable pour la température de l’eau.
Expérimentez le monde à l’envers
L’image de ce que nous voyons se forme à l’envers sur notre rétine, mais comme vous le constatez, ça n’est pas un problème pour le cerveau.
Faites-vous faire des lunettes qui renversent l’image pour qu’elle se forme à l’endroit sur votre rétine. Vous allez bien sûr voir le monde la tête en bas! Évaluez le temps que votre cerveau va mettre à décoder l’image inversée pour vous permettre de voir de nouveau le monde à l’endroit.
De nombreuses études ont été faites sur le sujet et ont montré que le cerveau s’adapte très vite…les sujets « voyaient à l’endroit » en moins de 15 jours avec de telles lunettes. Mais comme vous ne serez pas dans des conditions expérimentales, ne vous aventurez pas trop loin dans ce petit jeu!
Suite à des AVC , certains sujets très motivés retrouvent une vie normale en mobilisant des ressources inexplorées de leur cerveau. Cette semaine, inventez-vous un handicap (par exemple: ne pas vous servir de votre main droite, ne pas pouvoir plier la jambe gauche, fermer les yeux dès que vous rentrez chez vous) et expérimentez les ressources que vous mettez en oeuvre pour pallier cet handicap et vivre normalement.
Quelques réflexions éparses sur la causalité.
Les causes extérieures qui peuvent ramener une émotion passée sont celles qui font entrer en résonance la conscience déjà acquise.
Par exemple, un comédien, pour transmettre une émotion se crée des rapprochements causals pavloviens, les véritables n’étant pas toujours accessibles.
Ex : faire monter les larmes. Chaque fois que l’on pleure, regarder un objet. Le jour où l’on veut pleurer, se décontracter, puis regarder l’objet, les larmes montent.
Il faut une certaine simplicité pour contrôler son psychisme.
Pourquoi oublie-t-on souvent les choses, les lectures et les musiques qui nous ont fait le plus d’effet.
Comme si ce qu’elles ont engendré dans le cerveau libérait la mémoire de leur souvenir direct.
Borgès, le jardin des sentiers qui bifurquent : « il croyait à des séries infinies de temps, à un réseau croissant et vertigineux de temps divergents, convergents et parallèles. Nous n’existons pas dans la majorité des ces temps, dans quelques uns vous existez et moi pas… »
L’expression est à la causalité ce qu’est la thermodynamique à la mécanique statistique. La Darstellungswelt.
Dès qu’il s’agit du comportement humain, il faut se garder des relations de cause à effet behavioristes qui font fi de la complexité du cerveau humain.