Botanique
Le tamier ou herbe aux femmes battues ou sceau de Notre Dame ou Vigne noire, Tamus communis, de la famille des Dioscoraceae, est une espèce grimpante (liane) qui s’enroule autour des arbres dans les forêts. C’est le seul parent européen de la vaste famille des ignames.
Il produit des baies écarlates qui mûrissent quand l’automne est déjà bien avancé. Il possède une tige atteignant fréquemment 7 à 8m de longueur et un très gros rhizome pouvant atteindre 60 cm de long pour un diamètre de 25 cm et un poids de 15 kg. Le tamier est assez commun dans les bois. On le trouve dans toute l’Europe jusqu’à 1200 m d’altitude.
Ses feuilles très luisantes ressemblent à celles du liseron et dessinent un cœur renversé.
Tout au long des mois de mai et juin, il déploie des grappes de petites fleurs verdâtres aux formes variables selon leur sexe : toutes ont six pétales, mais les fleurs mâles sont allongées et les femelles sont courtes. Puis la plante produit des baies qui mûrissent pendant l’automne, passant du vert au rouge écarlate.
Apprenez à le reconnaître avec la Flore.
Usages
Cette plante était connue des Anciens : Celse, dans son De Arte Medica (Ier s. av. J.C.) préconise la poudre de son rhizome pour traiter les problèmes de poux.
Ce rhizome contient de l’oxalate de calcium, du mucilage, des glucides et une substance histaminique. Les baies renferment une substance toxique : la diosgénine.
Toute la plante est caustique, diurétique, émétique, hémolytique, purgative et résolutive. Elle est dangereuse à l’état frais, aussi faut-il la faire sécher pour l’utiliser. Même correctement préparée son emploi n’est pas sans danger.
Le rhizome a des qualités rubéfiantes (contre les irritations et rougeurs) dues à la substance histaminique et à l’action mécanique des raphides d’oxalate de calcium. Réduit en pâte et bouilli, il peut être appliqué sur les contusions et les ecchymoses. On utilise aussi cette pâte pour traiter les rhumatismes. En homéopathie, la teinture de tamier est préconisée pour traiter les insolations.
Le rhizome est toxique lorsqu’il est cru mais devient comestible une fois cuit. Il est présenté comme une » igname indigène » dans certains ouvrages d’horticulture. Très riche en fécule, il a été utilisé dans certaines régions de France pour nourrir le bétail, et même consommé comme légume lors de famines. Les jeunes pousses, après avoir été cuites, peuvent aussi êtres mangées comme des asperges.
La consommation des baies réserve une mauvaise surprise : leur goût est d’abord acide et même agréable mais très rapidement une sensation de brûlure envahit la bouche. Cette sensation est due aux nombreuses raphides mêlée à la chair des fruits. Ces baies, ressemblant vaguement à des groseilles rouges, ont déjà provoqué des accidents graves chez les enfants. Elles sont par contre très appréciées des oiseaux.
Folklore
Le tamier tire son nom de l’ancien français tam qui signifiait » plante grimpante » et qui venait du latin thamnus ou tamus, noms que les Anciens donnaient à une autre plante à baies rouges.
Cette plante s’apparente à la fois au liseron, par la forme de ses feuilles, et à la vigne, par le fait qu’elle soit grimpante et produise des grappes. Ces ressemblances lui ont valu les appellations traditionnelles de » haut liseron » et » vigne sauvage « . Mais cette » vigne » est aussi nommée » raisin du diable » à cause de ses fruits toxiques au goût brûlant.
Paradoxalement, le » raisin du diable » est également appelé » sceau de Notre-Dame » ou » sceau de la Vierge « , probablement parce que ses feuilles ont la forme de cœurs renversés. On le surnomme aussi « herbe aux femmes battues » en raison de son action contre les contusions ! Au Pays de Galles, il est vulgairement nommé « repas du serpent » car on pense que les reptiles se cachent dans les endroits où pousse la plante.
Dans le langage des fleurs, on l’offre pour signifier à quelqu’un qu’on a besoin de son soutien, comme le tamier a besoin d’un tuteur pour grandir.
Recettes
Asperges de tamier
Au printemps, cueillez les pousses de tamier.
Enlevez au besoin son amertume en le laissant macérer dans de l’eau additionnée de cendres.
Faites cuire à l’eau salée et assaisonnez avec des sauces, vinaigrette, hollandaise, de soja selon votre goût.
Cataplasmes de tamier
Broyez la racine et faites-la cuire quelques heures à feu très doux dans très peu d’eau.
Cela suffira à détruire les principes vésicants qui font que la racine fraîche appliquée sur la peau produit des cloques analogues à celles produites par l’ortie.
Avec la pâte obtenue, faites des cataplasmes que l’on appliquera sur les contusions, l’”oeil au beurre noir”, les articulations douloureuses.
Ajoutez du vinaigre : cette pâte est excellente contre les douleurs de la goutte.
Pommade anti-rhumatismale
Ajoutez à cette pâte le même poids de saindoux (non salé!).
Faites cuire longuement au bain-marie.
Cette pommade est excellente contre les rhumatismes.
3 comments for “Le tamier a besoin d’un tuteur”