L’arrête-boeuf ou bugrane ou herbe aux ânes, Ononis spinosa L., de la famille des Fabaceae, pousse dans les pâturages arides, les prairies, les bords de chemin, les coteaux, les sables maritimes jusqu’à 1500 m d’altitude, un peu partout en Europe, en Asie et en Afrique du Nord.
C’est une petite plante herbacée de 10 à 80 cm de longueur, ligneuse à la base ; elle est vivace par sa tige souterraine développée qui dégage une odeur désagréable, de saveur douceâtre et nauséabonde. Sa tige rameuse a des rameaux qui se transforment souvent en épines. Les feuilles sont en fascicules. D’avril à septembre, des fleurs roses, souvent solitaires, sont regroupées en une grappe terminale plus ou moins allongée. Leur fruit est une gousse ovoïde contenant de 1 à 3 graines arrondies.
Usages
La racine se récolte en tous temps mais de préférence à l’automne ou au printemps. Elle est lavée puis séchée à l’air et au soleil Les fleurs et les feuilles, inutilisées, ont quelques propriétés identiques à la racine et peuvent être récoltées tout l’été.
Depuis des temps immémoriaux, la racine est considérée comme médicinale et ceci, sans interruption. Dioscoride parlait déjà de ses propriétés diurétiques, réductrices de gravelle et corrodant les ulcères. Matthiole complète ces informations en précisant une utilisation contre les engorgements du foie et des vaisseaux. Son action diurétique et calmante des inflammations urinaires est aujourd’hui incontestée dans les cystites, urétrites, gravelle, néphrites calculeuses, catarrhes chroniques de la vessie, hydropisie, jaunisse, goutte, rhumatisme chronique, scrofule, gonorrhées, calculs biliaires, prostatites et albuminurie chronique.
Cette racine diurétique facilite l’élimination des chlorures : le Dr Henri Leclerc, père de la phytothérapie moderne, la recommandait à son tour, mêlée de fenouil, pour le traitement de la gravelle et les maladies chroniques de la vessie.
En usage externe, la bugrane agit en antiseptique contre l’eczéma et les démangeaisons, contre les maux de gorge et angines et contre les ulcères dûs au scorbut. Feuilles et fleurs sont également efficaces en gargarisme contre les angines. les allemands les utilisent comme dépuratif.
Les jeunes pousses de certaines variétés peuvent être consommées en épinards. Dans l’Antiquité on en faisait des salades.
La décoction des sommités fleuries donnaient à la laine une couleur brun-gris.
Composition chimique et usages actuels
La racine contient :
– des glucides : osides (amidon, gomme, pectine, saccharose)
– environ 5 % de matières minérales
– des acides organiques : acide citrique
– des composés phénoliques parmi lesquels :
des flavonoïdes : ononine, pseudoononine, onogénine, des isoflavones (biochanine A), onospine (glucoside de l’ononétine) et des tanins
– des terpénoïdes : triterpènes représentés par :
. 0,2 % de saponines : alpha-onocérine, ononidine (principe similaire à la glycyrrhizine)
. des stéroïdes (sitostérol)
– des résines
– environ 0,1 % d’huile essentielle contenant des phénols : trans-anéthole et des terpénoïdes : monoterpènes : carvone, menthol
©L’arrête-boeuf a des propriétés dépuratives et diurétiques : sa teneur en saponines triterpéniques facilite l’élimination des chlorures.
L’arrête-boeuf possède d’autre part des vertus anti-prurigineuses.
Utilisations pharmaceutiques
L’arrête-boeuf est utilisé dans le traitement des calculs biliaires et rénaux, ainsi que dans le traitement des infections urinaires. Il est d’ailleurs traditionnellement utilisé pour faciliter les fonctions d’élimination de l’organisme. La plante est également employée en cas d’arthrite et de rhumatisme.
Utilisations cosmétiques
L’arrête-boeuf a des vertus adoucissantes et reminéralisantes. Il est par ailleurs astringent.
Ces propriétés font de l’arrête-boeuf un actif recommandé dans :
– des shampooings pour cheveux gras, des lotions pour cheveux mous et plats, abîmés et fragiles
– des masques et crèmes astringents pour peaux grasses ou mixtes à tendance acnéique
– des crèmes reminéralisantes pour peaux abîmées
– des laits et lotions adoucissants pour le visage destinés aux peaux irritées, sensibles et fragiles
– des crèmes de jour et de nuit pour peaux matures
Folklore
Son nom savant de genre, « ononis » vient du grec « onos », âne et « oninèmi », plaire, profiter à: c’est une plante qui plaît et profite aux ânes et son nom d’espèce, « spinosa » du latin « spina », épine, indique que la plante est épineuse.
Bugrane, son nom français, est tiré du bas latin « boveretina », qui signifie « arrête-boeuf », évocation de son rhizome tellement résistant qu’il peut arrêter la charrue menée par un boeuf.
D’où sa symbolique d' »entrave des projets », avec une nuance de méchanceté.
Recettes
Décoction d’arrête-boeuf
Gargarisme contre les maux de gorge.
Faire une décoction aqueuse de feuilles et de fleurs d’arrête-boeuf, ajouter un peu de miel de de vinaigre.
Utiliser en gargarisme.