La canne à sucre

Récolte de la canne à sucre

Récolte de la canne à sucre

La canne à sucre, Saccharum officinarum, de la famille des Poaceae, est un grand roseau originaire d’une région s’étendant de l’ex-Cochinchine au Bengale et englobant les îles de la Sonde et les Moluques. On la trouve actuellement dans les régions tropicales ou subtropicales : Caraïbes, Inde, Asie du Sud-Est et Amérique du Sud, Afrique. L’espèce sauvage est inconnue et les variétés de canne à sucre sont innombrables.

Vivace par son rhizome, la tige de canne à sucre atteint 2 à 5 m de hauteur pour un diamètre de 2 à 4 cm : elle est composée de noeuds plus ligneux et d’entre-noeuds gorgés de sucre. La tige est glabre et présente une mince pellicule de cire ; elle porte de grandes feuilles alternes violacées ou rubanées, teintées de jaune et de violet. Elle est terminée par un grand panicule pyramidal de fleurs. Le fruit est un caryopse ovoïde.

Usages

Canne à sucre

Canne à sucre

La partie utilisée est la tige dont on extrait par broyage le jus sucré ou « vezou ». Après de nombreuses opérations on obtient un suc brut qui cristallise pour donner la « cassonade », qui est par la suite raffinée en sucre de canne, blanchi ou non.
On distille la mélasse fermentée (résidu de la préparation du sucre) pour en obtenir le rhum, le « tafia »des marins mais aussi toutes sortes de crus. La Route du Rhum est une prestigieuse course nautique qui relie les ports du rhum de Saint-Malo aux Antilles.

Les résidus ligneux fibreux, appelés « bagasses », servaient, aux États-Unis, à la fabrication de papiers d’emballage.

Composition chimique et usages actuels

L’exsudat de la tige renferme :
– des glucides, notamment des osides : 15 à 20 % de saccharose
– des matières minérales : calcium, chlore, magnésium, phosphore, potassium, silicium, sodium
– des acides organiques tels que l’acide glycolique

L’exsudat de canne à sucre a des propriétés stomachiques et expectorantes.
C’est également un léger diurétique.

Usages alimentaires
Les tiges écrasées fournissent un jus (le vesou) qui, débarrassé de ses protéines et neutralisé (par chaulage), filtré, décoloré et concentré, laisse cristalliser le saccharose brut. Les mélasses résiduelles fermentées donnent le rhum. Les extraits sont très largement utilisés pour la préparation de boissons rafraîchissantes.

Usages pharmaceutiques
L’extrait de canne à sucre, notamment le saccharose, est utilisé dans la fabrication de médicaments comme véhicule, édulcorant et agent de conservation. La plante est largement employée en médecine traditionnelle asiatique. Des décoctions de tiges sont utilisées dans le traitement de la variole, des douleurs abdominales ou rénales, des nausées et des vomissements.
Les extraits de canne à sucre sont appliqués localement sur les blessures, les ulcères, les gingivites et les furoncles.

Usages cosmétiques
Les extraits de canne à sucre bénéficient de propriétés exfoliantes et hydratantes. Leur teneur en minéraux leur confère des activités reminéralisantes. Ils entrent par conséquent dans l’élaboration de :

– produits peeling pour le corps
– crèmes émollientes pour peaux sèches
– crèmes reminéralisantes pour peaux matures, abîmées ou ternes.

Folklore

Le nom de la canne à sucre en sanscrit est « ikshu », « ikshura » ou « ikshava ». Le sucre, lui, se nommait « sarkara ou « sakkara ». Il est clair que tous les noms désignant le sucre dans nos langues européennes d’origine aryenne, en dérivent à partir des langues anciennes comme le grec. Ainsi « saccharum » vient du grec « sacchar », sucre.
Ce sont les Arabes qui, au moyen âge, ont introduit cette culture en Égypte, en Sicile et dans le midi de l’Espagne, où elle a été florissante jusqu’à ce que l’abondance du sucre des colonies l’oblige à y renoncer.
Don Henrique transporta la canne à sucre de la Sicile à Madère d’où elle fut apportée aux îles Canaries en 1503. De là, elle fut introduite au Brésil au début du XVIe s. Elle gagna Saint Domingue vers l’an 1520 et peu après le Mexique, la Guadeloupe en 1644, la Martinique en 1650 et Bourbon dès l’origine de la colonie.
Au début du XVIIe s., le sucre importé en France est coloré, les espagnols gardant jalousement le secret du sucre blanc mais une série de hasards permit bientôt aux français d’accéder à cette technique.
Le nom de sucre « candi »encore employé provient du mot péruvien « kand », les savants du Pérou ayant été les premiers à étudier des techniques qui aboutiront  à la découverte du raffinage. Cette dénomination désigne les cristaux de sucre qui étaient cristallisés sur une ficelle et dont on se servait pour « doucir »son café au début du XIXe s. en les mettant en contact quelque temps ; on l’a appelé le « sucre à la ficelle »et il est actuellement recherché comme objet de curiosité et de luxe alimentaire.
Les utilisations rituelles de la canne à sucre sont nombreuses. Les femmes des îles Wallis, au N.-E. des Fidji, nourrissaient leur dieu Ta’aroa à l’aide d’un biberon fétiche composé d’une outre en forme de tétine emplie d’un mélange de lait de coco et de jus frais de canne à sucre. Les guerriers de l’archipel de l’Amirauté en Mélanésie mettaient, pour se rendre invincibles au combat, des étuis péniens faits d’un segment évidé de canne à sucre et consacrés par le sorcier.
Le jus, parfois frais, le plus souvent dans son tout premier stade de fermentation, entre dans la composition d’innombrables filtres d’amour et de potions aphrodisiaques.

 

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