Arbrisseau sarmenteux toujours vert, qui rampe sur le sol dans les sous-bois ou grimpe aux murs et aux arbres, le lierre grimpant ou lierre des poètes, ou lierre à cautère, Hedera helix, de la famille des Araliaceae, est commun partout en France. Ses tiges sont sarmenteuses, couchées-radicantes sur le sol ou grimpant par des crampons uniquement (sans suçoirs) et elles peuvent atteindre plus de 50 m.
Ses feuilles, alternes, glabres, sont pétiolées, coriaces, luisantes et persistantes, les caulinaires, palmatinervées à 3-5 lobes triangulaires, celles des rameaux florifères entières, ovales-acuminées à nervure souvent plus pâles.
Les fleurs jaunes-verdâtres, apparaissent en septembre-octobre : elles sont disposées en ombelles terminales globuleuses à nombreux rayons. Les fruits mûriront de mars à mai en baies globuleuses noires.Il croît jusqu’à 1 000 m d’altitude dans presque toutes les régions tempérées d’Europe, d’Asie et d’Afrique septentrionale. Il peut vivre plusieurs centaines d’années.
Vivant chez nous au tertiaire (Miocène), alors que les saisons n’étaient pas différenciées, le lierre a conservé un rythme végétatif qui n’est pas accordé au climat actuel.
Usages
Dioscoride parle de certaines propriétés du lierre mais aussi de sa toxicité. Il faisait partie de la pharmacopée druidique. Au Moyen- Age, on soigne de nombreux maux avec la plante puis Matthiole la restreint à un usage externe et, depuis, son usage interne resté d’emploi populaire est évité.
On en a utilisé la feuille fraîche (Codex 1866), le fruit (Codex 1818), l’écorce et la gomme-résine (Cod. 1866), mais surtout le suc.
Les feuilles sont employées en infusion comme un emménagogue populaire.
En usage externe, les feuilles du lierre ont été communément employées pour soigner les rhumatismes, les névralgies, les sciatiques et les lumbagos par application de leur suc en compresses. Elles sont très efficaces contre la cellulite, employées en teinture ou en pommade.
Le lierre manifeste des propriétés antispasmodiques : jadis on soignait la coqueluche en faisant boire l’enfant dans un gobelet taillé dans une tige de lierre. Puissant remède des maux de tête, on l’employait en couronne.
La feuille de lierre est aussi un bon coricide si on prend toutefois soin de protéger la peau alentour.
Analgésique, le lierre est un astringent et un vasoconstricteur très énergique : on l’emploie pour cautériser les aphtes en bain de bouche, en compresse sur les jambes gonflées, les séquelles des phlébites.
L’homéopathie utilise le lierre dans le rachitisme, la sinusite, les catarrhes du nez.
Son nectar est recherché des abeilles et ses baies par les oiseaux.
Au début du siècle, les grands-mères gardaient le beau noir de leurs lainages en les faisant bouillir dans une décoction de lierre.
Le lierre est apprécié sur les vieux murs.
Mais ses baies sont toxiques !
Composition chimique et usages actuels
Les feuilles de lierre contiennent :
– des glucides, essentiellement des oses
– des protides et particulièrement des enzymes : desmolase, peroxydase
– des acides organiques tels que l’acide formique, l’acide malique et l’acide hédérique
– des composés phénoliques représentés par :
. des phénols et notamment des tocophérols
. des acides phénoliques, acide caféique, acide chlorogénique
. des flavonoïdes, surtout des flavonols (rutine, quercétine)
. des tanins
– des terpénoïdes :
. des triterpènes : des saponines (hédéracoside A, alpha-hédérine, hédérasaponines B à I) et des stéroïdes dont essentiellement du phytostérol
. des caroténoïdes notamment 0,05 % de carotène
– des polyines tels que le falcarinol, la falcarinone, le 11,12-déhydrofalcarinol
:Le lierre possède des propriétés analgésiques, c’est un puissant remède des maux de tête et un excellent anti-rhumatismal. La plante est également reconnue pour ses vertus sédatives.
Les feuilles ont une influence sur la perméabilité des vaisseaux et ont des effets vasoconstricteurs.
Le pouvoir antispasmodique du lierre s’exerce surtout à l’égard du bronchospasme et peut s’appliquer efficacement au traitement de la coqueluche.
Les feuilles sont employées comme emménagogue populaire sous forme d’infusé.
On les recommande par ailleurs comme anti-parasitaire.
Le lierre est utilisé en usage local comme cicatrisant dans le traitement des ulcères.
Il est de plus considéré comme expectorant.
Utilisations pharmaceutiques
Le lierre est traditionnellement utilisé dans le traitement symptomatique de la toux et au cours des affections bronchiques aiguës bénignes.
Les décoctés de lierre s’emploient en enveloppements humides pour soulager les douleurs rhumatismales et les névralgies.
L’homéopathie utilise la plante dans les cas de rachitisme ou de sinusite.
Utilisations cosmétiques
Le lierre, en raison de ses propriétés amincissantes, entre dans la composition de nombreux soins pour le corps. On l’emploie également dans les produits de massage destinés aux jambes lourdes et pour le soin des pieds.
C’est un détergent doux, légèrement astringent que l’on peut utiliser dans les préparations démaquillantes et notamment pour les peaux grasses à tendance acnéique et les peaux mixtes.
La plante possède en outre des vertus régénérantes très intéressantes pour le soin du contour des yeux, ainsi que pour l’entretien des peaux fatiguées, abîmées ou sèches.
Grâce à ses propriétés détergentes, il trouve une application variée dans les soins capillaires : lotions pour cheveux gris et blancs, mous et plats, shampooings destinés aux cheveux abîmés et fragiles, permanentés et teints.
Folklore
Hedera vient du latin « aerere », s’attacher, par allusion aux tiges grimpantes ou du celtique « hedra », qui veut dire corde. Helix vient du grec « eilein », s’enrouler, allusion au port de la plante.
Le lierre était la plante d’Osiris, dieu égyptien protecteur des morts d’où son symbole d’immortalité. Il est aussi par extension, symbole de fidélité : « je meurs où je m’attache », amour et constance, brièveté de la vie dans le langage des fleurs.
Dans le Nord, une feuille de lierre glissée dans une lettre signifiait que la jeune fille auteur acceptait le jeune homme pour époux.
Le poète Plutarque dit que quiconque touche du lierre se sent envahi par une fureur prophétique et une énergie positive.
Vigne et lierre sont souvent associés dans la mythologie : Bacchus est représenté entouré de lierre et le thyrse qu’il tient est orné de lierre et de pampre entrelacés. Le thyrse, assimilé à la foudre, est pour les dieux, l’arme de la victoire. Aussi le lierre prend-il ici symbole de victoire et de prophétie.
Pour savoir si des projets réussiront, jeter des feuilles de lierre dans l’eau dormante d’une fontaine ; si neuf jours plus tard, elles flottent toujours, la réussite est assurée.
Les poètes le chantent :
Voilà que chantait aux Naïades prochaines
Ma muse jeune et fraîche, amante des fontaines,
Assise au fond d’un antre aux Nymphes consacré,
D’acanthe et d’aubépine et de lierre entouré.
L’amour qui l’écoutait, caché dans son feuillage,
Sortit, la salua, Sirène du bocage…..(Élégies, d’André Chenier).
ou encore :
Et que voilà tes feuilles pour un temps dispersées
O, vieil Orme, que le lierre te couvre et te vête(Giovano Pascoli).
Recettes
Gobelet de lierre
Si l’on veut boire sans s’enivrer, il faut se servir d’un gobelet taillé dans le lierre.
Il est possible de trouver des tiges de lierre grosses comme le bras et même comme des troncs d’arbres.
On le donnait également aux enfants atteints de coqueluche.
Cellulite
On fait avec les feuilles de lierre hachées des cataplasmes que l’on pose sur les endroits indurés de cellulite : ils en calment l’inflammation.
Usages de feuilles
Décoction vineuse de feuilles en application
sur les brûlures, les abcès.
Des feuilles broyées pour guérir ces mêmes blessures ou
arrêter la sécrétion du lait
Lavage des lainages au lierre
Ingrédients
lierre
eau
cendres de bois
Dans une décoction de lierre versez la cendre tamisée.
Posez les lainages noirs et portez à ébullition. Ne laissez pas bouillir.
Laissez refroidir le tout sans toucher aux lainages.
Ils seront propres et leur noir en est ravivé.
Je n’ai jamais essayé et ne garantis pas que le lainage ne ressorte pas feutré! A essayer sur un lainage à jeter.
Références : le CD-Rom Secrets de plantes et références bibliographiques dans l’article sur l’érysimum