Trois semaines en été en Norvège au nord du cercle polaire: un seul jour sans fin d’immersion dans le spectacle de la mer.
Il suffit de regarder la carte de la Norvège pour comprendre que l’on ne se trouve pas sur une terre, mais sur des pontons de roches jetés dans la mer. Il suffit de regarder la carte pour comprendre que pour parcourir 100 km à vol d’oiseau, il faut en faire 300 en voiture. Il suffit de regarder une carte pour voir que les routes longent la mer, partout. Très peu de routes dans les terres. Il suffit de regarder la carte pour comprendre qu’au nord du cercle polaire, la densité de population est bien faible. Avec un peu plus de 5 millions d’habitants sur une surface d’environ la moitié de celle de la France, La Norvège est avec l’Islande le pays le moins densément peuplé d’Europe.
Arrivée à Tromsö – 13 juin
Les bars de cette ville universitaire du grand nord, de 22 heures à 1 heure du matin : animation, sympathie et première expérience de la nuit qui ne tombera jamais…Discussion au bar avec un géographe qui travaille à la prospective au gouvernement. Nous parlons nucléaire et filière thorium car les Norvégiens prévoient déjà l’après pétrole. Puis le géographe me dit que si j’avais l’intention de voir le soleil de minuit au Cap Nord, c’est la nuit prochaine ou pas avant une semaine car la météo va se gâter. Une seule solution donc : le lendemain matin, je trace la route, les 700 km jusqu’au Cap Nord.
La route vers le Cap Nord – 14 juin
Tours et détours autours des îles, jusqu’au fond des fjords. Ponts entre les îles, tunnels sous la mer permettent d’éviter les ferries, mais la route suit la côte et ses caprices. Le temps est au bleu, la lumière métallique met en valeur la mer et encore la mer. Les villages de pêcheurs et leurs maisons bardées de bois peint en rouge brique ou gris clair sont toujours construits au bord de la mer. Je fais une halte à Alta pour visiter le musée et les gravures préhistoriques. La route vers le Cap Nord me fait penser, version polaire à la route qui mène à Palmyre en Syrie. Plus de 100 km de route déserte et austère pour aller découvrir une merveille ! Une route dangereuse aussi : les rennes y sont plus chez eux que les voitures. Les merveilles se méritent. J’arrive au Cap Nord vers 11 heures du soir. Premier abord, pas du tout une merveille : pire que le Mont Saint-Michel, des centaines de camping cars, la plupart allemands, des bus, des voitures, le grand magasin de souvenirs. Mais on oublie vite les voitures garées derrière soi lorsqu’on est face à la mer, au Nord et que l’on voit descendre puis remonter le Soleil sans qu’il se soit couché. On voudrait rester là encore toute la journée pour le voir accomplir son périple dans le ciel sans le perdre de vue…Je l’aurais bien fait, mais le géographe avait raison, le temps s’est gâté et à 5 heures du matin…on ne voyait plus rien du tout!