Botanique
Le chanvre, ou haschisch ou marihuana au Mexique ou encore kif, Cannabis sativa ou Cannabis indica de la famille des Cannabaceae, est une grande plante dioïque annuelle à tige dressée et cannelée de 1 à 2 m de haut.
Au niveau de sa partie inférieure, elle porte des feuilles palmées, opposées sur la tige, présentant cinq à sept segments inégaux, lancéolés et dentés. Les feuilles supérieures, quant à elles, sont alternes et composées de un ou trois segments.
Les fleurs éclosent durant les mois d’août, septembre et octobre, et différent selon leur genre : les fleurs femelles sont sans pétales et réunies en cimes compactes ; les fleurs mâles sont groupées en panicules et possèdent cinq sépales verts et cinq étamines.
Le fruit, lisse et vert, est un akène ovoïdes de 2 à 3 mm que l’on appelle communément » chènevis « .
Le chanvre, plante cultivée de longue date, fait partie de l’histoire de l’humanité. L’espèce cannabis sativa n’est cultivée que dans les zones tempérées du globe, sa variété indica, ou » chanvre indien « , se rencontre dans les régions chaudes et sèches.
Cette dernière qui pousse spontanément le long des chemins en Asie et en Inde, n’est donc pas présente en France à l’état spontané.
Usages
Le chanvre indien est cultivé depuis des milliers d’années par les populations d’Asie et d’Afrique du Nord qui l’utilisaient pour son action analgésique.
Il a été introduit en Europe au début du XIXe siècle, notamment à la suite des expéditions en Egypte.
Une résine toxique, composée notamment d’acide tétrahydrocannabinol, est contenue dans les sommités fleuries des plantes femelles. Cet acide est présent en quantité importante dans le chanvre indien, alors que le chanvre cultivé n’en renferme que très peu.
Selon les régions, on extrait et on fume cette résine de différentes manières. Le haschisch, substance très active, est produit dans de nombreux pays, officiellement ou non : le Maroc, le Liban, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde sont de grands producteurs.
Le haschisch est un analgésique, un incapacitant et un sédatif.
Il fait l’objet d’un trafic illicite important car son emploi est interdit dans la plupart des états occidentaux. Cependant, dans certains pays, son action analgésique douce est utilisée dans le traitement de la douleur et de certains effets secondaires dus aux traitements par chimiothérapie.
Le chanvre est une plante très riche en fibres, aussi la variété sativa a-t-elle été grandement utilisée dans l’industrie textile : on en faisait des vêtements, des cordes, des sacs, des voiles de bateaux…
Durant le XIXe siècle, le chanvre cultivé était considéré comme le principal concurrent du lin, avant d’être supplanté par les textiles synthétiques.
Les graines de la variété sativa, appelées également » chènevis « , contiennent 30% d’huile siccative constituée de glycérides et d’acides linoléiques et linoléniques. Elles sont aussi riches en protides et en vitamine K. Elles constituent une nourriture très appréciée des oiseaux et entrent souvent dans la composition des mélanges de graines qui leur sont destinés.
Folklore
Le nom du chanvre est tiré d’un mot latin, cannabis, dérivé du persan kanab.
Originaire d’Asie, le chanvre s’est répandu très tôt à travers le monde : il était connu en Inde 900 ans avant J.C. ; en Chine et en Europe 500 ans avant J.C. ; les Grecs et les Romains ne l’ont cultivé qu’au Ier siècle avant J.C. On raconte qu’au XIe siècle, en Syrie, le haschisch était utilisé par « le Vieux de la Montagne » pour fanatiser ses troupes lors des combats contre les Croisés. Ces derniers appelaient leurs ennemis les « Assassins » et on a longtemps supposé que ce mot était tiré de l’arabe hasis (« haschisch »). Au moyen âge, les sorciers utilisaient les propriétés narcotiques du chanvre dans la préparation d’onguents et de fumigations avec lesquels ils voulaient entrer en communication avec les forces magiques.
Rabelais, dans son œuvre, appelait cette plante le « pantagruélion » (mais il peut y avoir confusion avec l’eupatoire chanvrine) car elle servait à faire les cordes avec lesquelles on pendait les hommes condamnés par Pantagruel.
En provençal, chanvre se dit « canebier ». C’est là l’origine du nom de la célèbre Cannebière de Marseille, qui était une ancienne chenevière.
Chacun , en France possédait une petite chenèvière pour se fournir en cordages d’où son emploi dans nombre de remèdes traditionnels. On préconisait les graines, les feuilles, les étoupes, les cordes… pour soigner divers maux, du lumbago à l’insomnie en passant par l’infection uro-génitale.
Contre l’acné il fallait porter un fil de chanvre au poignet afin de « sécher le mal ». Le chanvre, dont on faisait les cordes, était symbole des liens amoureux : ainsi, en Sicile on s’assurait la fidélité de son époux en lui faisant porter une cordelette de chanvre tressé.
Les noms de l’herbe
Le “bhang”, consommé en Inde, est un mélange de sommités mâles et femelles (appelé aussi “tarouki “en Tunisie, et “kif” au Maroc et en Algérie).
La “ganjah”, également nommée “marihuana” ou tout simplement « herbe », est un mélange constitué uniquement de sommités femelles.
Le “haschisch”, ou “chara”, est obtenu soit en roulant les sommités fleuries entre ses mains, soit en les battant sur un voile à mailles très fines pour en retirer la résine, celle-ci est ensuite travaillée en plaquettes brunes de formes diverses, certaines présentant une estampille gouvernementale qui garantit leur bonne qualité.
Ce sont quelques uns des 350 noms de cette herbe.