Le Louvre et le Pont Neuf de Maximilien Luce

Maximilien Luce

Le Louvre et le pont Neuf de Maximilien Luce – Musée d’Orsay

Dynamique entre couleurs et objet usuel

Maximilien Luce, cet amoureux de Paris et de ses faubourgs, tient vraiment du pointillisme. Dans cette toile, la division accentue l’action de l’éventail.

Au bord de la nuit, en voûte d’éventail, notre dame la Seine et ses fervents arquées déploient leurs longs bras en reflets agités. Le ciel bascule dans un ultime dégradé : gris, bleu, rose, vert, Véronèse, rose sombrent. Sous ces lueurs pointillistes, elle ferme ses quais, plie ses musées, évente les attardés. La nuit est tombée. Comment les couleurs passent-elles sous les ponts de Paris ?

Sujet

C’est une peinture d’éventail, sur papier. Elle a vraiment été faite pour un éventail ; on voit d’ailleurs très bien les plis; ça a été vraiment été un éventail.

C’est un tableau pointilliste en arc, très joli et très réussi. Et la nuit tombe sur Paris, c’est très poétique et très beau.

On voit donc le Pont-Neuf en premier plan, ensuite la passerelle des Arts, et puis, ensuite, celui du Louvre.

La nuit tombe et le ciel est rose, vert, bleu et se reflète.

Couleur

On ne peut pas dire que ce soit fidèle à la théorie de Chevreul et donc au désir de Seurat, c’est-à-dire avec des points utilisant la vibration des complémentaires. Là les points sont utilisés comme une touche très fine, régulière et systématique, comme ça a été fait par beaucoup de pointillistes. On a gommé complètement le jeu de vibration des couleurs, qui n’est d’ailleurs pas une chose si évidente que ça, et utilisé ça comme une touche qui fait vibrer les couleurs qu’on veut.

Matière

Ce qui est très intéressant dans ce tableau, c’est que c’est petite touche, le pointillisme de l’esthétique de la chose, fait qu’on a l’impression d’un miroitement.

Là, il a très bien réussi ce miroitement de la tombée du jour où les lumières de la ville s’allument, se reflètent dans le fleuve, où tout est encore très animé. Tout scintille, même le sol, grâce au pointillisme, qui ne met pas de zones roses ou bleues, mais qui mélange les points roses et les points bleus par zone. Il fait vibrer toutes les choses et c’est là qu’il y a une utilisation intéressante du pointillisme.

Il met, non pas des zones de couleurs telles qu’elles sont dans le reflet, mais, dans les zones de reflet, il pose des points de couleurs différentes, qui rappellent l’ombre, et la font vibrer par rapport à la lumière, mais en toutes petites touches et non en zones même si (comme Monet l’aurait fait) il aurait pu mettre un empâtement en zones. Tandis que là, c’est vraiment des petites touches séparées qui permettent de faire vibrer jusqu’au ciel, comme si tout était complètement irisé dans la lumière. Là, on voit, en tant que touche, que le pointillisme était très efficace et fait partie d’une sorte d’aboutissement de l’impressionnisme.

Composition

D’autre part, c’est vrai que cette forme d’éventail convient parfaitement au sujet. La rivière, le point de vue sur la rive gauche (on est sur la rive gauche), assez haut, dans un endroit qui domine, qui domine le quai et la Seine qui part en diagonale sur la gauche, assez haut dans les étages.

On a une première horizontale, c’est le Pont Neuf, qui tourne au bout, de notre côté. Les autres ponts créent l’éloignement. On a une diagonale, qui est l’autre quai, qui fait l’éloignement et donne la profondeur. Au premier plan, on a à gauche les feuillages qui sont traités dans l’ombre avec quelques zones de lumière, en pointillé, avec des roses et des mauves ; et au fond, les couleurs sont mélangées de blanc, c’est-à-dire qu’il fait l’éloignement en pointillés, avec quelques lumières très fortes, jaunes et roses, et du blanc et du bleu dans le pointillé, qui éloignent, qui montent et qui font le lien avec le bas du ciel qui est dans un gris rose, qui va vers le vert, puis vers le bleu plus profond. Le même à droite renforce la présence de l’ombre du pont. C’est-à-dire que le pont est clair, couvert de petites taches roses et vertes (vert Véronèse), et bien sûr sous les arches, on voit l’ombre vibrer avec le reflet des lumières du gaz.

Lumière

Et le premier plan, c’est-à-dire les pieds du pont, est dans l’ombre. Mais cette ombre est d’un gris bleu assez clair, sur lequel il a même des points d’outremer, d’indigo et de rose pour faire vibrer les choses.

C’est quelque chose de très réussi. Le jeu se fait sur deux aplats : un d’ombre, qui est fondé sur un bleu indigo vibré avec du rose et, au centre, un vert sur lequel s’inscrit un autre vert plus foncé en deux tonalités – un vert Véronèse presque, avec un vert émeraude dessus et puis un vert plus jaune et puis toutes les taches de lumière un peu roses orangées et jaunes des reflets sur l’eau, celles de la lumière des bateaux et celle de la lumière des candélabres.

1 comment for “Le Louvre et le Pont Neuf de Maximilien Luce

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.