Gym cerveau : une discipline personnelle
Il existe plusieurs paresses du cerveau qui empêchent son fonctionnement optimal:
– oublier de réfléchir
– râler au lieu de réfléchir à une solution
– agir sans réfléchir
– ne pas prendre le temps de méditer
Il existe de multiples façon d’oublier de réfléchir. Les trois cas les plus courants sont les suivants:
– Se précipiter dans l’action par impulsion avant d’avoir prévu ce qu’on allait faire. Exemple simple, sortir précipitamment sur le palier pour sauter au cou de l’ami qui arrive sans penser que la porte peut claquer derrière soi.
– Passer à côté des choses sans se poser de question jusqu’au jour où l’on se dit : « Tiens, c’est astucieux, je n’y avais jamais pensé ». Exemple simple: voir régulièrement une voiture du SAMU garée sur le côté avec SAMU écrit à l’envers sur le capot et ne s’être jamais posé la question de savoir pourquoi.
– Répéter ce qu’on entend ou ce que les média racontent sans prendre la peine de mettre en marche son esprit critique, de pratiquer la zététique. Exemple, on vous dit qu’aujourd’hui, il y a 6 000 km de voies ferrées en France et vous le croyez. Vous souriez, mais des erreurs aussi grossières sont pléthore sur Internet et il n’est pas sûr que vous faites toujours fonctionner votre esprit critique.
Trouvez dans votre expérience récente dix occasions où vous avez oublié de réfléchir et essayez de penser à tenir vos neurones en éveil et de les faire fonctionner à plein régime.
Prendre le temps de la réflexion
Un de mes professeurs de Latin nous interdisait de prendre le dictionnaire pendant 10 minutes au début des contrôles de version latine. C’est fou ce que j’ai appris à aimer le latin avec ce système qui oblige à réfléchir et à regarder au lieu de se jeter tête baissée dans l’action.
Essayez de consacrer une heure par jour, montre en main, à faire travailler votre cerveau avant d’agir. Vous pouvez le faire par tranches de 15 minutes si vous voulez. Notez les progrès que vous faites dans l’accomplissement des vos tâches.
Râler au lieu de réfléchir
Arrêtez de vous épargner de réfléchir. Chaque fois que vous râlez, demandez-vous pourquoi: que vous a fait personnellement le gouvernement? Pourquoi avez-vous attendu si longtemps avant de faire votre sauvegarde de données? Pourquoi vos proches vous irritent-ils?

Séance à la chambre des députés le 22 janvier 1898: Bernis interpelle Jaurés au sujet de l’affaire Dreyfus. Gérault Richard Gifle Bernis.
Avant de râler, affutez vos arguments pour râler positif : si vous savez pourquoi vous râlez, vous tenez une piste pour vous rendre la vie plus douce et pour faire marcher vos neurones.
“Les politiques, tous pourris!”: enquêtez, prouvez-le ou faites une petite étude sur les raisons qui font que le pouvoir corrompt.
Panne de machine: faites un graphe de panne avant de râler, quelqu’un a peut-être débranché la prise.
Je ne le (la) supporte pas: listez précisément ce qui vous tape sur les nerfs : couleur de cheveux, rire débile, odeur, expressions verbales, main molle, etc. Et faites un travail d’approche sur ces points qui vous énervent ou prenez un regard d’humoriste et écrivez chaque jour sur cette personne.
Après avoir travaillé pendant plusieurs mois sur l’espace perception comportement à La Cité des sciences et en particulier sur le mécanisme de la scène de ménage, en rentrant chez moi, si la première étape d’une scène s’amorçait, je revoyais instantanément tout le processus et j’éclatais de rire. Comprendre ce qui nous arrive et pourquoi on râle, ça aide!
Un entraînement efficace
Il ne vous coûtera rien (si vous avez au moins un livre chez vous!) et vous apportera du plaisir.
Choisissez un texte que vous aimez particulièrement, poème ou prose et apprenez le par coeur.
Chaque jour, vous en apprenez le nombre de lignes que vous pouvez assimiler en 15 minutes. Constatez l’évolution quotidienne du nombre de lignes apprises.
Faites ça le soir et vérifiez le lendemain matin que vous l’avez bien retenu. Si vous n’y arrivez pas, il est temps d’entraîner votre mémoire!
Savoir faire un graphe de panne
Lorsque vous êtes confronté(e) à une panne, que faites-vous?
Vous essayez d’abord de vous en sortir par vous-même ou vous appelez tout de suite un spécialiste?
Pour résoudre le problème faites-vous un graphe de panne?
L’exemple le plus simple est un luminaire qui ne fonctionne plus. Vous vérifiez que la prise est branchée, vous vérifiez la lampe, elle vous semble bonne. La meilleure démarche est de prendre la lampe et de la mettre sur un luminaire qui fonctionne. Si elle est effectivement bonne, c’est que le courant n’arrive pas sur l’autre luminaire. Avant de jeter votre luminaire, branchez le luminaire qui fonctionne sur la prise de celui qui ne fonctionne pas. Si il s’allume, c’est effectivement le luminaire qui a un problème de contact ou de transformateur, s’il ne s’allume pas, c’est que votre prise ne fonctionne plus…etc.
Évaluez les économies de temps et d’argent que vous réalisez en faisant de bons graphes de panne.
Le plaisir est une friandise pour le cerveau
Essayez de planifier une plage de temps pendant laquelle vous allez atteindre les cimes du bonheur parfait, ce peut être grâce à des aventures minuscules, comme les décrit LI YU dans ses carnets secrets, au gré d’humeurs oisives:
« regarder ou écouter tomber la pluie »,
« humer une glycine à en avoir le tournis »,
« partir à bicyclette au hasard de petites routes inconnues »,
« attendre avec une douce impatience un rendez-vous avec sa bien-aimée puis partager avec elle un verre de capiteux vin d’Espagne ».
« Lire un poème d’été pour avoir chaud en hiver »
« Ajuster à la perfection tenons et mortaises pour un petit banc de bois »
« Rêver les détails d’un voyage dont on sait fort bien qu’on ne le fera pas. »
Voici quelques pistes pour vous permettre d’inventer vous-même vos propres aventures minuscules.
Ce n’est pas si facile ni de savoir ce qui nous fait réellement plaisir et encore moins de faire le vide pour être apte à savourer ce plaisir. Reste aussi à savoir si c’est par le plaisir que vous atteignez le bonheur.
Cela demande une préparation minutieuse.
Vous devez:
– définir ce qu’est pour vous un instant de parfait bonheur,
– réfléchir sur le rapport du bonheur et du plaisir,
– réunir les ingrédients nécessaire à ce bonheur (un être, une musique, un lieu, une odeur, etc.),
– les agencer et les faire intervenir au bon moment pour qu’ils remplissent parfaitement leur fonction et amplifient votre plaisir.
Vous pouvez renouveler régulièrement l’expérience, mais attention, votre conception de l’instant de parfait bonheur peut changer dans le temps et la répétition et l’habitude peuvent émousser les sensations de plaisir.
On peut disserter longuement pour savoir si le plaisir est un ingrédient nécessaire au bonheur.
Les philosophes s’en sont donnés à coeur joie sur le sujet. Un petit rappel pour vous aider à y voir clair sur l’hédonisme et l’eudémonisme.
Sans cette réflexion sur la différence et la complémentarité du bonheur et du plaisir, vous ne pourrez jamais planifier vos plages de parfait bonheur.
Pousser ses sensations à l’extrême
les ivresses de tous genres et tout ce qui libère de la dopamine sont des expériences troublantes et dangereuses pour le cerveau.
De quels extrêmes rêvez-vous pour vous sentir exister plus pleinement?
– Ivresse du danger dans les sports extrêmes qui nécessitent un parfait contrôle physique et nerveux.
– Ivresse de la maîtrise parfaite de son corps (danse, Tai-Chi, kung-Fu…)
– Ivresse d’un contact « dangereux » avec « l’autre »: il peut s’agir aussi bien de séduction que d’essais de communication avec quelqu’un issu d’une culture très différentes de la vôtre, ou encore de vouloir d’aider quelqu’un en difficulté qui ne le souhaite pas forcément.
– Ivresse du danger dans le contact avec une nature vivante hostile: expédition en forêt vierge, dressage de fauves ou de serpents, ou plus simplement dressage de chevaux sauvages.
– Ivresse des paradis artificiels qui ne nécessite un dépassement de soi que pour en sortir…Comment ne garder que le souvenir des sensations et ne pas tomber dans la dépendance qui aliène le cerveau? Peu de gens en ont été capables: l’écrivain Huxley et certains chercheurs.
Trouver la catégorie qui vous convient puis choisissez ce que votre condition physique et nerveuse vous permet.