La carline acaule (ou cardabelle ou baromètre ou chardonnette ou loque), Carlina acaulis, de la famille des Asteraceae, est une belle indigène des terrains calcaires entre 400 et 2800 m. On la trouve à ras de terre, épanouie comme un petit soleil épineux dans les pâtures, les pelouses maigres, les bois clairs de montagne, en France (Alsace, Aube, Vosges, Jura, Bourgogne, Loire, Bugey, Lyonnais, Dauphiné, Vaucluse, Var, Alpes maritimes, Pyrénées) et aussi en Espagne, Italie, Europe centrale. Plante vivace, elle n’a guère plus de 30 cm de haut. Les feuilles, disposées en rosettes à la base, alternent sur la tige. Glabres, à segments épineux, elles entourent un capitule très gros, de 6 à 12 cm de diamètre, d’odeur fétide, roux extérieurement avec des bractées intérieures d’un blanc argenté, souvent violacées en dessous, très visibles et étalées de façon rayonnante. La carline acaule fleurit de juin à octobre et meurt après floraison. Le fruit est un akène soyeux à aigrette se détachant à maturité.
La racine principale est épaisse, de la grosseur du pouce mais longue de 1 à 2 m. On la récolte à l’automne. Elle est difficile à sécher : il faut éviter qu’elle moisisse.
Usages
La racine de carline est une de nos vieilles plantes médicinales :
diurétique et sudorifique, elle était employée dans les états fébriles et la grippe ; cholagogue, dans les affections hépatiques légères et
tonique des voies digestives, lors du manque d’appétit dans les digestions paresseuses.
Elle était considérée comme fortement dépurative et on l’utilisait pour traiter l’acné, l’eczéma, les dartres et diverses affections de la peau : on en lavait plaies et ulcères pour favoriser leur cicatrisation.
Autrefois, on l’utilisait aussi comme vermifuge contre le ténia.
Le plateau charnu est comestible et certains le disent d’un goût plus fin que le coeur d’artichaut. Dans les Cévennes autrefois, il était séché pour être consommé l’hiver ; quelques gourmets le confisaient au sucre.
On s’est servi des feuilles pour cailler le lait.
La fleur se ferme à l’approche de la pluie ; elle conserve cette propriété une fois sèche, aussi la cloue-t-on sur les portes pour prédire le temps. Cette faculté est à l’origine de son appellation de « baromètre ».
Composition chimique et usages actuels
La racine renferme :
– des glucides représentés par des oses et des osides (18 à 22 % d’inuline, gomme)
– des lipides, principalement des acides gras (acide palmitique)
– des matières minérales, essentiellement du calcium, du magnésium et du potassium
– des composés phénoliques, plus particulièrement des phénols et des tanins
– 1 à 2 % d’huile essentielle composée de :
. terpénoïdes : 12 à 15 % de sesquiterpènes (carlinène)
. « oxyde de carline » qui est un dérivé du furane
– des résines
– une cire
La carline est antibactérienne et anti-acné, anti-asthénique et antipyrétique. Elle a entre autres des propriétés apéritives, carminatives et cholérétiques. On lui reconnaît aussi des activités diurétiques, emménagogues, stomachiques, sudorifiques, vermifuges et vomitives.
Utilisations pharmaceutiques
La carline est recommandée lors de troubles digestifs (digestion lente et difficile), on la préconise aussi pour combattre le manque d’appétit. Pour ses effets sudorifiques, elle est appréciée en cas de fièvres.
En usage interne la racine de carline s’emploie dans le traitement de certaines dermatoses (acné et eczéma). La présence d’oxyde de carline la rend active contre les germes pathogènes.
En usage externe on la recommande contre les maux de dents.
Utilisations cosmétiques
On reconnaît à la carline des propriétés astringentes et tonifiantes.
L’huile essentielle est antiseptique.
Elle trouve son utilisation dans les préparations suivantes :
– des produits capillaires (cheveux normaux ou à tendance grasse)
– des produits pour les mains
– des produits pour le corps
– des produits pour le visage destinés aux peaux acnéiques, mixtes et grasses
Folklore
L’empereur Charlemagne fut averti par l’archange Saint Michel que la carline guérirait de la peste ses armées décimées par cette maladie. Le nom « carlina » , dérivé de Carolus, lui viendrait de cet illustre parrain.
Acaule s’explique par un « a »privatif et « caulos »qui signifie tige en grec et signifie donc plante dépourvue de tige.
Depuis le Moyen Âge, on attribue à la carline le pouvoir de guérir les maladies contagieuses comme la peste ou d’être un contrepoison aux morsures de serpent, le don de procurer une force prodigieuse et d’autres effets magiques. Fleur solaire clouée au dessus d’une porte, elle écarte ici les créatures de l’ombre et les forces néfastes et par là, elle porte bonheur.
Recettes
Carline en artichaut
Ingrédients
1 carline
beurre
moutarde
cème
sel, poivre
Épluchez la carline en ne laissant que le fond. Faites-le bouillir dans de l’eau salée avec de l’anis étoilé.
Préparez une petite sauce avec beurre, moutarde, sel, poivre, crème que vous verserez dessus au moment de manger.
Carline en salade
Faites bouillir comme précédemment, arrosez avec une vinaigrette et des pluches de cerfeuil pendant que c’est chaud. Laissez tiédir avant de déguster.