Originaire du Moyen-Orient, le cyprès, Cupressus sempervirens de la famille des Cupressaceae est largement répandu dans tout le Midi méditerranéen où il constitue un élément essentiel du paysage. Il supporte mal le climat parisien mais est présent dans l’ouest où on le plante traditionnellement dans les cimetières.
C’est un arbre au tronc élancé, qui mesure fréquemment jusqu’à 25 m de haut. Son écorce est gris-rougeâtre ; lisse dans sa jeunesse, elle se fissure au cours des ans. Les nombreuses branches ramifiées sont disposées en longue cime pyramidale étroite et aiguë.
Les feuilles persistantes couvrent entièrement les rameaux. Les fleurs, en avril, se présentent en chatons terminaux. Les cônes fructifères apparaissent à l’automne de la deuxième année : ils sont globuleux et d’un vert qui vire au brun-verdâtre à maturité. Ces fruits à écailles épaisses, ligneuses, opposées en croix., sont communément appelés « galbules »ou « noix de cyprès ». Les graines, nombreuses, libérées par écartement des écailles, portent une aile étroite.
Toute la plante dégage une odeur de térébenthine prononcée.
Usages
On utilisait autrefois cônes et feuilles, bois ou rameaux mais aujourd’hui, seuls les fruits sont encore employés.
Dans un texte assyrien du XVe siècle av. J.-C., le cyprès figure comme traitement des douleurs et des démangeaisons du fondement.
En Grèce, on envoyait les malades de la poitrine dans un bois de cyprès retrouver la santé en respirant leurs effluves.
Hippocrate, Galien et Sainte Hildegarde le mentionnent contre les hémorroïdes ou les diarrhées.
L’huile essentielle peut aussi être utilisée comme antispasmodique (antirides) et comme moyen de lutter contre les manifestations cutanées des troubles ovariens (acné-rosacée).
Le tanin de ses cônes confère au cyprès des propriétés astringentes et resserrantes. Les fruits du cyprès étaient très appréciés pour leur activité vasoconstrictice chez les personnes souffrant d’hémorroïdes, de varices, de métrorragies (hémorragies utérines), de troubles menstruels avec afflux de sang. C’est aussi un bon produit anti-rhumatismal et un régulateur du système nerveux.
Le bois et les noix sont astringents, sudorifiques, diurétiques, voire même fébrifuges et efficaces contre l’incontinence d’urine chez les enfants.
En usage externe, on emploie fréquemment le cyprès pour traiter couperose, varices et hémorroïdes. Il est également efficace pour lutter contre la transpiration des pieds.
L’huile essentielle obtenue par distillation de jeunes rameaux est un bon fixateur de parfum : son odeur ressemble beaucoup à celle de l’ambre gris et son essence sert à la préparation des ambres synthétiques.
Ce serait pour en repousser les rats que le cyprès aurait été planté autour des cimetières.Il est planté comme ornemental et comme haie brise-vent.
Composition chimique et utilisations actuelles
Les cônes fructifères renferment :
– une faible quantité de lipides
– des acides organiques : acide ascorbique (vitamine C), acide glycolique
– des composés phénoliques parmi lesquels :
. des phénols : catéchol
. des flavonoïdes, notamment des tanins condensés (3 à 5 % de tanins catéchiques) et des biflavonoïdes (amentoflavone, cupressuflavone)
– une huile essentielle constituée de terpénoïdes :
. monoterpènes : d-camphène, limonène, myrcène, alpha et beta-pinène, alpha-terpinéol, 4-terpinéol, d-sylvestrène, p-cudirène
. sesquiterpènes : cédrol
. aldéhydes : furfural
La teneur en tanins confère au cône de cyprès des propriétés anti-diarrhéiques, anti-inflammatoires, cicatrisantes, vasoconstrictrices et veinoprotectrices. On lui attribue également des activités sudorifiques, antipyrétiques et emménagogues.
Utilisations pharmaceutiques
Les cônes sont traditionnellement utilisés dans les manifestations de l’insuffisance veineuse (varices, jambes lourdes) et les troubles hémorroïdaires.
L’huile essentielle de cyprès est efficace contre la toux.
Utilisations cosmétiques
Les cônes et les feuilles de cyprès possèdent des propriétés similaires.
L’huile essentielle est antiseptique et régénérante. La fraction hydrosoluble présente des activités adoucissantes, astringentes et anti-couperose.
L’huile essentielle ainsi que les extraits de cyprès entrent dans la composition de :
– crèmes de massage pour les pieds et les jambes lourdes
– crèmes anti-rougeur pour peaux abîmées et couperosées
– shampooings pour cheveux gras, lotions capillaires destinées aux cheveux abîmés et fragiles
– crèmes pour les mains
– lotions corporelles adoucissantes
Folklore
Du Grec Cuprôs, Chypre, lIe où le Cyprès était très abondant.
Cupressus, nom scientifique du cyprès, vient de « Cuparissos », nom du jeune Grec qui fut changé en cyprès par Apollon et sempervirens signifie « toujours vert »en latin.
Dans ses odes (II, 4), Horace envisage l’heure où il faudra quitter sa terre, sa maison, son aimable épouse et où, de tous les arbres que l’on a cultivés avec amour, aucun ne nous suivra que le lugubre cyprès.
Il est donc le symbole de la douleur et l’emblème funéraire des cultes religieux antiques, coutume qui s’est perpétuée d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui où nous le retrouvons planté dans les cimetières.
L’idée de mort que véhicule l’arbre est si forte et si populaire que le Dr Henri Leclerc conseillait de ne le prescrire que sous son nom latin pour ne pas effrayer les malades.
Langage des fleurs : donner l’hiver une branche de cyprès à un prétendant lui signifie qu’on ne l’aime pas du tout.
Chez les Perses, il était l’arbre du paradis iranien, l’image même d’Ormuzd, et à ce titre était planté devant tous les palais et tous les temples. Chez les Grecs, plusieurs bois de cyprès gardent un caractère sacré et on sculptait les statues des dieux dans son bois.
Les Égyptiens connaissaient l’imputrescibilité de ce bois dont ils fabriquaient des sarcophages et dont Pline écrira qu’il est plus durable que le bronze.
En Provence, il était d’usage de planter devant la maison deux cyprès lors de la construction d’un mas pour pouvoir, une centaine d’années plus tard, en changer la poutre maîtresse (on en plantait deux pour être sûr que l’un d’entre eux arrive à maturité suffisamment droit pour remplacer celui qui serait abimé).
C’est dans le bois de la troisième branche que les guérisseurs iraniens taillent ce qu’ils appellent une « canne de guérison », qui protège également des voleurs.
Recettes
Essence de cyprès
On se sert principalement de cette essence comme vaso-constricteur (couperose) et anti-sudorale (plante des pieds) .