Le romarin, stimulant de la mémoire

Botanique

Le romarin ou rose marine ou encensier ou romarin des troubadours,  Rosmarinus officinalis de la famille des Lamiaceae, est une plante méditerranéenne vivace, ligneuse, toujours verte, formant des buissons allant de 50 cm à presque 2 m. Le romarin fleurit toute l’année en climat chaud, en juin-juillet ailleurs. Il pousse sauvage, à faible altitude, dans les lieux secs et arides: garrigue, maquis, rocailles surtout au voisinage du littoral.
On le trouve dans tout le bassin méditerranéen ; souvent cultivé et subspontané, il remonte jusqu’au Massif Central (Provence, Roussillon, Languedoc).

C’est une plante très rameuse et très feuillée et ses jeunes tiges ont une couleur cendrée. Toute la plante dégage une odeur camphrée d’encens.

Les feuilles sont opposées, persistantes, très aromatiques, coriaces, sessiles, linéaires, entières, enroulées par les bords, vertes sur le dessus, blanches tomenteuses, avec la nervure principale saillante sur le dessous.

Les fleurs sont disposées en petites grappes axillaires et terminales. Le calice, pulvérulent, est en cloche bilabiée. La corolle est bleu pâle ou blanchâtre, ponctuée de petites taches violettes à l’intérieur et offre un nectar très abondant.

Le fruit et constitué de 4 akènes bruns.

Composition chimique et usages actuels

La feuille renferme :
– des acides organiques : acide ascorbique (vitamine C), acide glycolique, acide carnosique
– des composés phénoliques représentés par :
. des acides phénoliques tels que l’acide caféique, l’acide chlorogénique, l’acide labiatique, l’acide néochlorogénique, l’acide rosmarinique
. des flavonoïdes de type flavones : apigénine, apigétrine, diosmétine, hispiduline, lutéoline, diosmine, genkwanine, genkwanine-4′-méthylether, 6-méthoxygenkwanine, 6-méthoxylutéoline, 6-méthoxylutéoline-7-glucoside
. des tanins
– des terpénoïdes parmi lesquels :
. des diterpènes (carnosol, rosmanol, rosmadial, rosmaridiphénol)
. des triterpènes : saponines (acide oléanolique, acide ursolique, acide 19-alpha-ursolique)
. des triterpènes divers : alpha et beta-amyrines, épi-alpha-amyrine, bétuline
. des stéroïdes : phytostérol, beta-sitostérol
– des traces d’alcaloïdes : rosmaricine
– de l’acide nicotinique
– de la choline
– 1 à 2,5 % d’huile essentielle constituée de terpénoïdes : monoterpènes (acétate d’isobornyle, bornéol, 15 % de camphre, camphène, 15 à 30 % de cinéole, p-cymène, géraniol, limonène, linalol, alpha et beta-phellandrène, 35 à 40 % d’alpha-pinène, beta-pinène, alpha et gamma-terpinène, alpha-terpinéol, verbénol, safrol)
– une oléorésine

Le romarin possède des propriétés analgésiques, anti-rhumatismales, antifongiques et anti-parasitaires. On lui attribue par ailleurs des activités antispasmodiques, stomachiques, apéritives et sudorifiques.
On lui reconnaît aussi des vertus anti-asthéniques et aphrodisiaques, carminatives et cholérétiques.
Il est encore cicatrisant, emménagogue, diurétique et antitussif.

Usages alimentaires
L’huile essentielle et l’épice sont utilisées en alimentaire comme condiment pour les viandes cuites, les légumes, etc. L’épice entre dans la préparation de boissons.

Usages pharmaceutiques
Le romarin est traditionnellement utilisé pour améliorer les fonctions d’élimination de l’organisme et faciliter la digestion. Il est aussi traditionnellement utilisé pour l’hygiène buccale.
Le romarin est un remède efficace contre les douleurs névralgiques et rhumatismales, les maux de tête et la tension nerveuse. Le romarin facilite les fonctions hépatiques et la production biliaire.
Le romarin agit sur le système nerveux et la circulation sanguine, il stimule la mémoire et combat la dépression.

Usages cosmétiques
Les extraits de romarin ont des propriétés anti-oxydantes comparables à celles du BHA et du BHT. Ils sont également antiseptiques grâce à la présence de l’acide rosmarinique.
Les extraits de romarin bénéficient d’activités astringentes et régénérantes. Ils sont par ailleurs séborégulateurs et stimulent la repousse des cheveux. Ils jouent également un rôle de protecteur solaire.
La présence de saponines leur confère des vertus détergentes.
L’huile essentielle de romarin possède des vertus anti-oxydantes, antiseptiques, purifiantes, tonifiantes et insectifuges. Elle est aussi déodorante et rubéfiante.
Les extraits ainsi que l’huile essentielle de romarin entrent dans la composition de :
– shampooings pour tous types de cheveux, plus particulièrement pour cheveux gras à tendance pelliculaire
– lotions anti-poux
– laits tonifiants pour le corps
– bains moussants, gels douche
– crèmes pour les mains
– masques astringents pour peaux mixtes ou grasses à tendance acnéique
– produits d’hygiène bucco-dentaire (dentifrices)
– produits déodorants

Usages traditionnels

Pour l’herboristerie, on récolte les sommités fleuries en début de floraison : le romarin sauvage est plus efficace que celui qui est cultivé. S’il est  possible de récolter fleurs et feuilles toute l’année, le meilleur moment reste de mai à septembre.
La plante entière est récoltée et distillée pour la parfumerie.
Les fleurs passaient, confites dans du sucre, pour agir contre la peste et mangées à la croque au sel avec quelques jeunes feuilles, le matin à jeun, pour aiguiser la vue. Le romarin était utilisé comme tonique général en cas d’asthénie; c’était un stimulant qui relevait le tonus des convalescents, des surmenés physiques ou intellectuels. Le romarin a des propriétés antimicrobiennes (bactéries et moisissures). Il aurait été utilisé dans les cas de furonculose. Traditionnellement utilisé en bains de bouche, pour l’hygiène buccale, c’est aussi, en association avec le thym, un antiparasitaire efficace contre la gale, les morpions, les poux.

Il est très efficace contre les rhumatismes et la migraine, il coupe la grippe et calme les « crises de foie » en stimulant les fonctions biliaires et en tonifiant le foie. Il possède des propriétés carminatives.
Il améliore également la circulation du sang, et s’avère emménagogue.
Le romarin, agissant sur le système nerveux et la circulation sanguine, stimule la mémoire et combat la dépression ; il est conseillé lors de la ménopause.
Attention :il y a contre-indication à l’usage interne en cas d’irritation des voies digestives et de grossesse.
En usage externe, astringent, il soigne les angines et les aphtes. Il est employé sous forme de bain en tant que défatigant musculaire. Il tonifie le cuir chevelu, agit contre les pellicules et la chute des cheveux. Il est utile sur les gonflements articulaires, les suites d’entorse, les enflures, les contusions. On l’utilise en friction sur les rhumatismes.

Le romarin entre dans de nombreuses préparations comme l’élixir de la reine de Hongrie, le vinaigre des 4 voleurs, l’eau de Cologne, le baume tranquille, le baume Opodeldoch.

Folklore

Le nom du romarin vient de « rosmarinus » du latin « ros », rosée et « marinus », mer, allusion à son parfum et à son habitat sur les coteaux maritimes.
Prosper Alpin découvrit un rameau de romarin dans une pyramide de l’Égypte ancienne. C’était une plante très prisée des Anciens qui ne lui attribuaient guère de propriétés médicinales mais une place de choix dans les cérémonies religieuses, les réjouissances publiques ou intimes. Il figurait ainsi dans le culte des morts au même titre que le cyprès.
Pour les Romains, c’était une herbe sacrée. Symbolisant la renaissance, elle était aussi bien le bouquet de la mariée qu’une plante funéraire assurant aux morts qu’ils renaîtraient. Elle était brûlée lors de cérémonies religieuses en guise d’encens ce qui lui a fait donner ce nom.
C’est bien sûr une herbe protectrice dont le seul parfum protège la maison. Les gladiateurs en prenaient avant d’aller combattre.
En Sicile, on en confectionnait des poupées à l’image des personnes malades pour hâter leur guérison. Sous un oreiller, le romarin protège le sommeil et porté sur soi, il écarte les maladies.
Le romarin a été cultivé très tôt puisqu’il fait partie du Capitulaire de Villis et figure sur les plans du jardin du monastère de Saint-Gall datant du IXe s.
Il est présent dans notre folklore et figure dans des contes et des chansons populaires. Ainsi la Vierge Marie, pendant la fuite en Égypte, se serait-elle arrêtée au pied d’un buisson de romarin pour y étendre les langes de Jésus et c’est de ce jour, dit la légende, que « ses fleurs ont la couleur du ciel et apparaissent le jour de la Passion ».
On peut enfin citer cette vieille chanson bien connue : « J’ai descendu dans mon jardin, pour y cueillir du romarin… »

Recettes

Eau de la Reine de Hongrie

L’eau (ou élixir) de la Reine de Hongrie, véritable eau de jouvence, doit son nom à la reine Élisabeth de Hongrie, guérie à l’âge de 72 ans de rhumatismes douloureux et des inconvénients de son grand âge par un distillat de fleurs de romarin que lui avait confectionné un ermite. Cet élixir, très efficace dans les douleurs rhumatismales, les digestions difficiles et la fatigue est aussi un excellent tenseur des traits, efface les poches sous les yeux et soigne par frictions la chevelure, chacune de ces actions étant remarquable d’efficacité. Il fut employé jusqu’à l’orée du XIXe siècle. C’était le parfum de mouchoir des dames de la cour du Roi Soleil qui, lui même, sur la fin de sa vie, en fit une grande consommation.

Vinaigre des quatre voleurs

Ingrédients
2, 5 litres de vinaigre de cidre
40g de
grande absinthe
petite absinthe
romarin
sauge
menthe
rue`
lavande
5g de
acore
cannelle
girofle
muscade
ail
macérer 10 jours
passer avec expression
10g de camphre à dissoudre dans
40g acide acétique cristallisé.
Filtrez. Mettez en petites bouteilles.

En périodes d’épidémies évitez la contagion en vous enduisant, avant de sortir, de cette composition : frottez-en tout votre corps, aspirez-en par le nez.

Contre la chute des cheveux

Recette de Lola MONTES :
La célèbre danseuse la tenait d’un médecin anglais et s’en servait fréquemment. On sait que la chevelure de Lola Montès était merveilleuse.
180 g de sciure de bois,
360 g d’esprit de vin,
60 g d’esprit de romarin,
15 g de teinture de muscade.
Faites macérer quinze jours, filtrez et frictionnez-en votre tête tous les matins.

Brochets au romarin

“Pour brochès au romarin, mettés-les bien rotir sur le gri, qui soient tout cuit. Item, pour le brouet à mettre sus: vin vermel, vergus, ung bien peu de vinesgre et du gingembre et du mmadn, et mettés tout boullir ensamble en telle de terre: et quant les brochès sont cuit, mettés-les dedens.”

Ingrédients
1 ou 2 brochets entiers (ou brochetons)
1/2 tasse de vin rouge
vinaigre de vin ou de cidre
gingembre
romarin
Faites cuire le brochet, nettoyé et prêt à rôtir ou coupé sur la longueur, sous le gril ou sur le charbon de bois. Pendant la cuisson, mélangez tous les autres ingrédients et faites mijoter 10 minutes environ. Si le vin s’évapore trop, ajoutez un peu d’eau, mais la sauce doit réduire légèrement. Lorsque le poisson est cuit, disposez-le sur un plat de service. Salez et arrosez de sauce