Botanique
Le chêne rouvre, Quercus robur de la famille des Fagaceae, se rencontre dans toute l’Europe, sauf dans l’extrême nord et la région méditerranéenne, et en Asie occidentale.
Un chêne vit entre 500 et 2000 ans.
Le chêne est un arbre de très grande taille, pouvant atteindre 50 m de haut, il est commun dans les forêts siliceuses. Son tronc présente une écorce sombre, très crevassée, ne tombant pas. Les jeunes rameaux glabres sont flexibles. Le bois est très dur.
Les feuilles sont ovales, profondément lobées, en coeur à la base et à lobes arrondis, presque sessiles.
Ses bourgeons sont arrondis, glabres, groupés au sommet des rameaux. En avril-mai apparaissent les fleurs. Le chêne est bissexué : les fleurs femelles sont insérées à l’aisselle des feuilles, les fleurs mâles sont groupées en chatons grêles pendants.
En automne, mûrit le fruit ou gland : ovoïde, vert clair puis brun clair, pendant sur un pédoncule beaucoup plus long que le pétiole, il est enchâssé par sa partie inférieure dans une cupule ligneuse et écailleuse.
Apprenez à reconnaître le chêne avec la Flore.
Composition chimique et usage actuels
L’écorce de chêne renferme :
– des glucides, principalement des osides (pectine)
– des protides : enzymes (tannoglucase)
– des matières minérales dont le calcium
– des composés phénoliques parmi lesquels :
. des phénols (pyrocatéchol)
. des flavonoïdes, notamment des tanins condensés (tanins catéchiques) et des flavanols (gallocatéchine)
. 10 à 20 % de tanins : tanins galliques, tanins ellagiques, phlobafène
– des terpénoïdes : triterpènes, stéroïdes (phytostérol)
– une substance amère : la quercine
– des résines
Sa richesse en tanins confère à l’écorce de chêne des vertus anti-diarrhéiques, anti-inflammatoires et cicatrisantes. L’écorce est aussi réputée hémostatique et veinoprotectrice.
On lui reconnaît par ailleurs des activités anti-asthéniques et antipyrétiques.
Usages pharmaceutiques
L’écorce du chêne est utilisée dans le traitement des eczémas et des hémorroïdes. Elle est aussi conseillée contre les engelures et les ulcères de la jambe. Elle trouve une application dans des préparations gynécologiques contre les hémorragies utérines.
On emploie la poudre d’écorce pour panser les plaies infectées.
Usages cosmétiques
Les extraits d’écorce de chêne ont une activité antiseptique, astringente, régénérante et tonifiante.
Ils entrent dans la composition de :
– shampooings pour cheveux gras, lotions revitalisantes pour cheveux mous et plats
– crèmes pour peaux mixtes et grasses
– crèmes pour les mains
– laits corporels
– crèmes de massage pour jambes lourdes
Usages traditionnels
On en utilise l’écorce, les feuilles, les glands.
Le chêne est avant tout un astringent: on emploie son écorce hémostatique pour arrêter les crachements de sang, les hémorragies et aussi les incontinences urinaires, les diarrhées, un début de tuberculose, des pertes blanches ou des hémorroïdes.
En usage externe, qui est l’utilisation la plus courante du chêne, on faisait des décoctions de tan en bains, lotions, gargarismes, lavements, injections dans des cas très variés demandant tous une forte constriction. L’écorce en poudre a été utilisée dans les pansements des plaies infectées, le traitements des eczémas et des hémorroïdes.
Il a aidé à traiter les alcooliques.
Il y a glands et glands : les glands du chêne vert de la variété ballota, très commune en Afrique du Nord sont doux et agréables comme des noisettes : ils se mangent crus ou grillés. Ceux du chêne rouvre en revanche sont trop tannifères pour être mangés sans traitement préalable : beaucoup de personnes ayant vécu la dernière guerre ont ainsi gardé un très mauvais souvenir de l’ersatz de café qu’elles essayaient de fabriquer à partir de ses glands.
Le « café de glands » était un remède populaire contre les coliques, les diarrhées, les digestions difficiles, l’anémie et le rachitisme.
En Europe de l’Est, on met des feuilles de chêne au fond des bocaux de molossols (cornichons à la russe).
Le chêne sert aussi à la clarification des boissons.
Le chêne est le bois le plus résistant de notre flore : on l’abattait en lune favorable, pour le sécher longuement et soigneusement. Il était réservé à la construction des bateaux et c’est en coeur de chêne que l’on a fait les belles grosses poutres de nos maisons ou la charpente des cathédrales.
Folklore
Les mots « quer », beau et « cuez », arbre désignent scientifiquement le chêne en celtique. Mais « quercus » était aussi le nom du chêne chez les anciens Romains et « robur » désignait en latin un bois dur et les objets qu’on en tirait. De là viendrait d’ailleurs notre mot « robuste ».
Au XIIe s., le mot chêne dérive du gallo-romain « cassanus » et désigne l’arbre.
Le chêne symbolise la force, la robustesse.
On attribuait des couronnes de feuilles de chêne aux meilleurs citoyens de Rome pour des vertus civiques. Les feuilles de chêne ornent, de façon symbolique, les couvre-chefs et vêtements de ceux que fait remarquer leur mérite civique : casque des pompiers, bande dorée du pantalon de cérémonie civile des officiers de marine, etc. Lors des jeux olympiques de Berlin, on remit aux vainqueurs des jeux de petits chêne en pots.
La feuille de chêne fut aussi symbole d’indépendance.
De l’Antiquité au Moyen Age, le chêne fut un arbre sacré : il était l’intercesseur entre les dieux et les hommes. Chez les Romains et les Grecs, c’était l’arbre de Zeus (et de Jupiter) et un énorme dragon veillait sur lui, d’après la légende des Argonautes.
Chez les Gaulois, aucune cérémonie n’avait lieu en dehors de la présence du chêne. Les rois de France, génération après génération, rendaient la justice sous le plus vieux chêne : c’est l’image classique de Saint Louis sous le chêne de Vincennes.
Le chêne est un arbre solaire qui protège maisons et terres placées sous sa protection ; à l’inverse, un chêne séculaire abattu au coeur du domaine qu’il protège induit la ruine et la dévastation pour cette maison
On utilise la force protectrice de l’arbre en plaçant des bûches auprès de la maison, des glands contre la foudre sur le bord de la fenêtre et, en geste propitiatoire, on « touche du bois ».
Quelques rites se glissent dans le quotidien : ainsi pour vivre très vieux et en bonne santé, mâcher chaque jour des glands en visualisant ses ancêtres et pour éloigner les maladies, brûler du chêne et en respirer la fumée.
Son bois fût employé pour statufier les dieux de l’Antiquité, ceux des Gaulois et plus tard les saints chrétiens.
Recettes
Cornichons de glands doux
Ingrédients :
1 pots de glands doux
1 pot de vinaigre blanc
1 cuillerée de poivre en grains
1 cuillerée de fenouil en graines
2 feuilles de laurier
sel
Décortiquez les glands. Au fond d’un pot de grès ou de verre, disposez des aromates (poivre en grains, graines de fenouil, laurier d’Apollon). Ajouter les glands légèrement saupoudrés de sel et ressuyés dans un linge. Versez sur le tout du vinaigre blanc bouillant. Attendez un mois avant de consommer.
C’est très bon servi avec du sanglier ou autre venaison.
Café de glands
Il s’agit des glands doux. Décortiquez les glands et faites-les sécher au soleil. Lorsqu’ils sont cassants, torréfiez-les dans une poêle sans les brûler. Il vous faudra les remuer sans cesse. Lorsqu’ils auront pris une belle couleur uniforme, laissez-les refroidir. Vous pourrez alors les moudre et en faire du café ; on emploie pour un café de force moyenne 15 g de poudre par tasse d’eau.
Bière de glands
Ingrédients :
12 kg de glands de chêne
40g de cônes de houblon
25g de levure de bière
25 litres d’eau
Faites macérer les glands bien mûrs et non germés dans de l’eau fraîche, pendant 15 jours, en changeant l’eau tous les jours pour éviter l’amertume des glands. Mettez les glands dans un fût avec le houblon, les 25 l d’eau et la levure. Remuez et laissez fermenter 20 jours. Mettez alors en bouteilles muselées et conservez au frais.
Pain de glands
Enterrez les glands dans du sable avec de l’herbe, du charbon et des cendres un certain temps. Déterrez-les pour les laver à l’eau ; ils sont devenus doux. Broyez-les et lavez-les 2 h à l’eau claire : la farine obtenue alors est douce et comestible. Les amérindiens en font un pain très nourrissant et compact en mêlant à la pâte de l’argile rouge en guise de levure dans la proportion de 1/20 avant de le cuire au four.