Le figuier

figuier © Secrets de plantes

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Le figuier, Ficus carica, de la famille des Moraceae, est un arbre originaire des régions du pourtour méditerranéen. Poussant dans les rochers et les bois de toute la partie méridionale de la France, il en aime les haies, les rocailles, les endroits incultes et chauds. Il supporte cependant des climats plus humides tels ceux de la Bretagne, de l’Angleterre et de la région parisienne. On le cultive, pour son fruit, la figue, dans toute la région méditerranéenne et en Californie ; il est subspontané aux Indes. Son tronc,  peu ramifié, de 4 à 5 m de haut, à écorce lisse et gris clair, peut atteindre 1,5 m de circonférence à la base. Les feuilles alternes sont vert foncé, grandes, pubescentes et rudes ; elles sont odorantes. Les fleurs sont petites, en groupes axillaires ; unisexuées, les fleurs mâles sont disposées sur la partie supérieure du réceptacle, les fleurs femelles sur la partie inférieure. La figue est un faux fruit constitué par le réceptacle charnu qui renferme les vrais fruits, les akènes.
Toute la plante contient un suc laiteux, âcre et caustique et la présence de furocoumarine confère à la plante des propriétés photosensibilisantes.

Usages

Figuier

Figuier

La Bible cite déjà les figues comme médicinales : le prophète Isaïe emploie un cataplasme de figue pour guérir le roi Ezéchias d’un grand ulcère, « et l’ulcère guérit ».
Dans l’Antiquité, on a utilisé le latex contre la lèpre et différentes maladies chroniques de la peau, sur les plaies ou les ulcères, mêlé à du jaune d’oeuf ou de l’huile d’olive.
Les feuilles sont conseillées, au Moyen-Age, par Sainte Hildegarde, contre les maux de la poitrine, des yeux, de la tête, contre la dysenterie et les hémorroïdes, les akènes contre les hémorragies et les fruits cuits pour les suppurations.
Ce sont surtout ses propriétés laxatives qui sont citées au cours du XVIe s.
Le fruit a des propriétés digestives et laxatives : on l’employait en cas de constipation. Les figues entraient dans la composition des fruits pectoraux avec le raisin sec, la datte et le jujube : leur décocté possède des propriétés émollientes et pectorales utilisées pour traiter les maladies de l’appareil respiratoire ou intestinal et aussi dans des maladies telles que variole, rougeole, scarlatine.
En usage externe, la figue mêlée à du lait était prise en gargarisme contre les irritations de la gorge et de la cavité buccale.
Le latex  s’employait, avec précautions, comme purgatif et en usage externe, pour faire disparaître les verrues et les cors.
La feuille, anti-inflammatoire, a les mêmes propriétés que le latex mais, cuite, elle devient émolliente et adoucissante : elle était utilisée pour faire mûrir les panaris.
La figue est un excellent fruit et elle est consommée crue, séchée, cuite en confiture ou en confiserie. En Orient, on tire un vin des figues fermentées et les Arabes distillent ce vin pour en faire un alcool qu’ils apprécient beaucoup.
Les figues ont une grande valeur nutritive : elles ont été utilisées pour nourrir les caravanes mais sont reconnues aujourd’hui comme précieuses contre l’asthénie, pour la croissance et la convalescence. Galien rapporte que les gardiens des vignes, qui pendant les vendanges ne vivaient guère que de figues, engraissaient démesurément puis perdaient rapidement cet embonpoint les vendanges terminées.
Apicius se servit des figues pour engraisser les oies et obtenir du foie gras, ainsi la figue aurait-elle donné son nom au « foie ».
Le latex était utilisé comme présure pour faire cailler le lait et attendrir la viande.
Le figuier est un très bel arbre et souvent là où il a poussé spontanément, les jardiniers lui ont donné droit de cité.

Composition chimique et usage actuels

Le fruit contient :
– des glucides, notamment des oses (50 % de glucose) et des osides (mucilages)
– des protides, particulièrement des enzymes : lipase, protéase, ficine
– des acides organiques : acide ascorbique (vitamine C), acide citrique, acide malique
– des composés phénoliques du type flavonoïdes : des anthocyanidines
– des vitamines : vitamine A (rétinol) et vitamine B1 (thiamine)
La présence d’enzymes confère au fruit des propriétés digestives et laxatives. Le décocté de fruits secs possède des activités expectorantes et sédatives utiles pour traiter les inflammations de l’appareil respiratoire.
Sa teneur en vitamines lui procure des vertus anti-asthéniques.
Par ailleurs, le fruit est galactagogue et anti-inflammatoire.

Utilisations pharmaceutiques

On recommande les fruits contre les affections respiratoires (grippe, bronchite, toux…). Ils entrent souvent dans la composition de sirops pectoraux.

Utilisations cosmétiques

Le fruit a des propriétés adoucissantes, hydratantes, tonifiantes et exfoliantes.
Les extraits de figue trouvent une utilisation dans les préparations suivantes :
– des produits gommants pour le corps
– des produits émollients pour le soin du visage pour peaux délicates et irritées, matures et sèches.

Folklore

Ficus dérive d’un mot qui désigne le figuier en hébreu alors que carica vient de Carie d’où le figuier est originaire.
Le figuier apparaît dans toutes les littératures antiques. La figue était aimée de l’Antiquité ; Égyptiens, Athéniens, Lacédémoniens considéraient le figuier comme sacré et pour les peuples grecs, son fruit, regardé comme le présent des dieux – Cérès, Bacchus ou Jupiter- était considéré comme symbole d’initiation à une vie meilleure.
Les Romains vénéraient certains figuiers ; c’est d’ailleurs sous un figuier que Rémus et Romulus, futurs fondateurs de Rome, furent abandonnés et trouvés par la louve qui les allaita.
Certains soutiennent qu’Adam et Eve ne se seraient pas servi de la feuille de vigne pour couvrir leur nudité mais de celle du figuier et que c’est sous un figuier qu’Adam se serait caché après avoir mangé le fruit défendu. D’où peut être le symbole d’hospitalité qu’est le figuier.
« Ficus edit », il se nourrit de figues, se dit d’un homme adonné à la bonne chère.
Celui qui se couche à l’ombre d’un figuier durant les heures chaudes de l’été verra une femme habillée en moine lui tendre un couteau : s’il le prend par le manche, il sera roué de coups, par la pointe, il sera tué.
Au Moyen-Orient, les femmes qui désiraient concevoir taillaient un pénis en bois de figuier qu’elles oignaient de pommade à base de pulpe de concombre et de jus de datte.

Jusqu’à ces dernières années, à Roscoff, en Bretagne, dans l’enceinte d’un couvent, vivait un figuier âgé de 700 ans qui donnait chaque année des figues à profusion : les moines le faisaient visiter, plaques et guides l’indiquaient. Hélas les moines ont vendu et le nouveau propriétaire, iconoclaste, a coupé le figuier.

Recettes

Confiture de figues

Ingrédients
1 kg de figues blanches,
1 kg de sucre en morceaux,
1/4 l d’eau,
1/2 bâton de vanille,
le jus d’un citron,
de la menthe fraîche.

Choisissez des figues blanches peu mûres. Essuyez-les délicatement avec un linge doux, puis retirez, sur chaque fruit, trois ou quatre lanières de peau, en prenant bien soin de ne pas crever la membrane intérieure de la figue : les fruits doivent en effet rester entiers pendant la cuisson. Préparez un sirop de sucre dans la bassine à confiture avec l’eau, le sucre, le jus de citron, la vanille. Posez sur feu moyen, en secouant la bassine de temps en temps pour faciliter la désagrégation du sucre, mais sans jamais remuer le sirop avec un ustensile quelconque.
Surveillez la cuisson du sirop : environ 5 minutes après l’entrée complète en ébullition, viennent éclater à la surface des bulles d’abord petites, puis un peu plus grosses. C’est le moment de déposer délicatement quatre ou cinq fruits puis, 2 ou 3 minutes après, quatre ou cinq autres fruits, puis la menthe fraîche, ceci afin d’éviter de refroidir brusquement le sirop. Quand tous les fruits sont mis ainsi, progressivement, dans le sirop, réduisez la cuisson et laissez bouillir très doucement jusqu’à ce que les fruits soient devenus transparents, un peu comme des fruits confits. Il faut entre 1 heure 30 et 2 heures. Écumez fréquemment pendant la cuisson afin que le sirop soit très clair. Quand la confiture est cuite, retirez la vanille. Mettez en pots.

Cidre de figues

Ingrédients
2kg de figues,
3 grains de genièvre,
3 clous de girofle,
200g de cassonade.

Mettez les figues hachées dans une bonbonne de 10 litres avec le genièvre et le girofle réduit en poudre. Faites un sirop avec le sucre et un verre d’eau chauffé jusqu’à l’ébullition. Versez-le sur les figues et finissez de remplir avec de l’eau. Protégez de la poussière en installant une compresse sur la bonde ouverte du tonneau.
Laissez fermenter jusqu’à ne plus entendre de pétillements (pendant 5 à 6 jours environ), puis filtrez et mettez en bouteilles par temps clair.
Ne fermez pas hermétiquement et consommez après quelques jours de repos.

Hors-d’œuvre de Bordighera

Ingrédients pour 4 personnes :
8 grosses figues noires mûres mais fermes
1 petit melon mûr et très parfumé
1 verre de porto rouge
8 fines tranches de jambon de Parme

Pelez délicatement les figues, les fendez-les et  disposez-les en cercle sur quatre assiettes. Coupez le petit melon, retirez-en les graines avant de le peler entièrement en ne laissant absolument aucun morceau d’écorce. Coupez-le alors en huit tranches et disposez-le sur les assiettes. Arrosez le melon et les figues de vin doux (porto ou muscat). Enveloppez chaque tranche de melon d’une tranche de jambon de Parme.
Servez frais.

Sorbet aux figues fraîches

Ingrédients pour 6 personnes
1 kg de figues blanches ou noires
750g de sucre cristallisé
8 cuillerées à soupe de miel
6 cuillerées à soupe de rhum, whisky ou cognac
15 cl d’eau

Disposez, dans une terrine, les figues, fendues en deux ou en quatre, sans les peler. Recouvrez-les de sucre en poudre en ajoutant de l’eau. Laissez reposer ainsi jusqu’au lendemain.
Mettez alors ce mélange dans une grande casserole à fond épais. Portez à ébullition et laissez cuire 12 minutes. Faites refroidir.
Passez le mélange dans le mixeur-broyeur, en deux fois, pendant 1 minute.
Ajoutez miel et rhum et mettre en sorbetière.
Servez ce sorbet décoré de brins d’angélique et de Chantilly.

Sirop de figues sèches

Ingrédients
500g de figues sèches
1 litre d’eau
250g de miel
1/4 de litre de rhum blanc (ou un bon cognac)

Faites bouillir jusqu’à réduction de moitié, ajoutez le meiel et lorqu’il est dissous, l’alcool.
Agitez, mettez en bouteilles.
A prendre par cuillerées à soupe contre les rhumes opiniâtres, les bronchites, la coqueluche, les pneumonies.

Café de figue

La poudre de figues torréfiées se prépare comme un café, qui est pectoral.

Verrues et cors

Le suc de figuier contient un enzyme qui attaque les cors et les verrues, il doit être appliqué 2 fois par jour.

Caprification

La mise à fruits passe obligatoirement par une symbiose avec la petite mouche du figuier qui vit sur le caprefiguier, forme sauvage du figuier, que l’on prend soin de planter à proximité ou encore dont on suspendra une branche dans l’arbre à féconder au moment propice.

Ce procédé, la caprification, remonterait au-delà des périodes assyriennes et égyptiennes.

Décoction pectorale

Ingrédients
80 à 100g de figues sèches
1 litre d’eau

Cette décoction  est très adoucissante en gargarismes.

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